Consultations médicales : une aumône de 1,50 euro26/04/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/04/2856.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Consultations médicales : une aumône de 1,50 euro

Le gouvernement vient d’annoncer que le tarif des consultations médicales augmentera fin octobre de 1,50 euro. Chez le médecin généraliste en secteur 1, il faudra donc payer 26,50 euros au lieu de 25 et chez le spécialiste en secteur 1 – quasiment introuvable aujourd’hui – ce sera 31,50 euros au lieu de 30.

Ces augmentations dérisoires avaient déjà été refusées par les médecins, qui avaient fait grève et fermé leurs cabinets plusieurs jours fin 2022 pour réclamer, pour certains une consultation à 30 euros, et à 50 euros pour d’autres. Le ministre de la Santé avait hurlé à « l’irresponsabilité »et les négociations ayant été rompues, il avait nommé Annick Morel, ancienne inspectrice des Affaires sociales, pour procéder à un « arbitrage ». En pratique, cette haute fonctionnaire « arbitre » a repris purement et simplement le 1,5 euro de Braun, tout en proposant de poursuivre les négociations si les médecins veulent obtenir davantage.

Les médecins sont bien sûr unanimes à refuser cette augmentation de 5 à 6 % qui ne rattrape même pas l’inflation actuelle. Selon la présidente du syndicat MG France : « ce n’est pas une hausse, on acte une diminution de nos revenus ». Et s’ils se disent prêts à continuer à discuter, la plupart des médecins n’entendent pas passer sous les fourches caudines du gouvernement. Celui-ci leur proposait un « contrat d’engagement territorial » en échange d’une augmentation un peu plus importante. Les médecins devaient accepter de prendre plus de malades, de travailler les samedis matin, des gardes de nuit et de week-end, et même de déménager pour s’installer dans un « désert médical ».Étant le plus souvent déjà débordés, ils ont refusé des propositions qui relevaient de la provocation.

Les promesses n’engageant que ceux qui y croient, Macron en a ajouté d’autres, affirmant que les 700 000 malades chroniques qui n’ont pas de médecin traitant en auront un avant la fin de l’année. Pour y parvenir les médecins pourraient facturer 60 euros la consultation pour ces malades. Macron a aussi promis une aide financière pour recruter des assistants médicaux – 10 000 fin 2024 contre 4 300 aujourd’hui – qui permettraient aux médecins de passer moins de temps à faire de l’administratif.

En visite mardi 25 avril dans une maison de santé de Vendôme, dans le Loir-et-Cher, le président en a remis une couche. Dans ce département « sinistré » où 24 % des habitants n’ont pas de médecin traitant, où une pétition circule pour obtenir « 200 médecins supplémentaires par an en Centre-Val de Loire », faute de quoi « on est en train de crever », Macron annonçait qu’il allait tout changer, avec davantage de médecins formés, de maisons de santé... sans dire d’où il allait les sortir.

Les médecins ont raison de refuser les miettes du gouvernement et de réclamer une augmentation des tarifs des consultations. Ils ont tout aussi raison de dénoncer la situation dramatique des hôpitaux, des services d’urgence encombrés et des cabinets médicaux où les conditions de travail deviennent insupportables. Tout cela est le résultat d’une politique délibérée de restrictions budgétaires, menée depuis des décennies et à laquelle les « macroneries » du président ne changeront rien. C’est aussi cette politique que les médecins doivent combattre, de concert avec le reste de la population.

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