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Leur société
Immigration : Darmanin fait les poubelles du RN
Lors de son allocution et d’une interview au Parisien du 24 avril, Émmanuel Macron a donné le « la » à son gouvernement pour tenter de faire oublier son impopularité croissante. Le sujet était tout trouvé : une nouvelle loi sur l’immigration.
De nouveau les travailleurs immigrés sont rendus responsables de tous les maux et le président souhaiterait concocter une nouvelle loi, la trentième depuis 1980 permettant de faire diversion. Il y aurait deux volets à cette loi, l’un permettrait la régularisation de sans-papiers dans les métiers dits en tension, c’est-à-dire ceux pour lesquels les patrons ne trouvent pas preneurs tant les salaires sont bas. Cela concernerait 7 000 travailleurs, qui se verraient octroyer pour prix de leur exploitation une carte de séjour à renouveler tous les ans. L’autre volet de la loi consisterait à renforcer l’arsenal répressif contre les sans-papiers et à accélérer les expulsions. Par exemple, le travailleur immigré débouté de sa demande de droit d’asile ne pourrait plus déposer de recours. Et le gouvernement veut également durcir les conditions du regroupement familial.
Les lieutenants de Macron, pour faire bonne mesure, ont assorti ces annonces de petites phrases toutes plus crasseuses les unes que les autres. Pour faire oublier les attaques contre les retraites et l’inflation, quoi de mieux que la démagogie raciste ? Bruno Lemaire s’est par exemple précipité pour affirmer : « Nos compatriotes, légitimement, en ont ras le bol de la fraude. Ils en ont ras le bol de voir des personnes qui peuvent toucher des aides [...], les renvoyer au Maghreb ou ailleurs alors qu’elles n’y ont pas droit. Ce n’est pas fait pour ça le modèle social. » Alors que, d’après la Cour des comptes, la fraude patronale aux cotisations sociales s’élève à 20 milliards et que la seule fraude fiscale serait de 80 à 100 milliards d’euros, la fraude aux prestations sociales se situerait entre 1 et 3 milliards d’euros, et ne concerne pas, loin s’en faut, que les immigrés.
Même Darmanin a été obligé de le reconnaître mais, pour ne pas être en reste, il s’est empressé d’assimiler la délinquance aux étrangers, affirmant : « Nous sommes pour un seul texte qui permette à la fois la lutte contre la délinquance étrangère, aux étrangers d’avoir des papiers, si et seulement s’ils parlent français et en même temps de bien intégrer ceux qui sont sur notre sol national » en ajoutant : « Je pense que l’on peut s’entendre avec Gérard Larcher sur ce point. » L’un des problèmes du gouvernement est en effet de trouver une majorité sur ce texte.
Macron et le gouvernement sont prêts à tout pour concurrencer Le Pen sur le terrain de la démagogie raciste la plus basse, afin de rester au pouvoir… et de continuer les attaques contre l’ensemble du monde du travail. Mais ce n’est pas cette diversion sur le dos des travailleurs immigrés qui fera oublier que, français ou immigrés, les travailleurs forment une même classe et qu’ils ont intérêt à lutter ensemble contre l’offensive patronale.