Phosphine dans les céréales : le capitalisme a un grain26/04/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/04/2856.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Phosphine dans les céréales : le capitalisme a un grain

L’ANSES, l’agence nationale chargée de délivrer les autorisations de mise sur le marché des pesticides, a fini par valider l’utilisation de la phosphine en contact direct avec les céréales, suite à un chantage énorme de la Synacomex, qui regroupe les principaux trusts du commerce des céréales en France.

Ce pesticide, extrêmement toxique et dangereux, sert à protéger les céréales stockées des insectes et des rongeurs, notamment sur les bateaux. Son utilisation est autorisée en France, à la condition qu’il ne soit pas au contact direct avec les grains. Cela n’empêche pourtant pas la Synacomex de le faire depuis des années pour les céréales exportées dans les pays pauvres, en Afrique notamment. Mais, sachant que cette pratique peut aboutir à une catastrophe sanitaire et écologique, elle voulait une autorisation officielle de l’ANSES pour lui servir de protection légale. Le refus de cette agence de la lui accorder a provoqué la colère du président de la Synacomex, qui n’est autre qu’un dirigeant du groupe Louis Dreyfus, un des quatre plus grands trusts mondiaux du négoce de céréales.

La Synacomex a alors sorti l’artillerie lourde pour faire plier l’ANSES. Elle a lancé une campagne dans les médias accusant les dirigeants africains de l’obliger à utiliser ce pesticide en contact direct et menaçant, si l’ANSES ne cédait pas, d’une catastrophe alimentaire en Afrique. Venant de capitalistes qui spéculent à la hausse depuis des mois sur le cours des céréales, quitte à plonger dans la famine plus de 60 millions d’Africains, c’est révoltant. Les mêmes qui suppriment des postes à tour de bras versent des larmes de crocodile et prétendent que l’interdiction de la phosphine allait mettre au chômage des dizaines de milliers de dockers, voire entraîner la fermeture du port de Rouen !

Pour arriver à leurs fins, ces dirigeants ont pu compter comme d’habitude sur l’État, à commencer par le ministre de l’Agriculture, qui a demandé aux juristes de son cabinet de trouver une parade. Dans le fatras de la réglementation européenne, ceux-ci ont donc trouvé un article indiquant que la limite maximale de résidus toxiques peut être dépassée pour les exportations si les pays destinataires l’acceptent.

Si ces capitalistes du négoce des céréales sont actuellement agressifs, c’est qu’ils savent que la période leur est propice pour voler des parts de marché en Afrique, que ce soit à leurs « amis » ukrainiens ou à leurs « ennemis » russes. Comme le disait une dirigeante de la Synacomex, « certaines destinations comme le Maroc et l’Algérie sont revenues en force en raison de la guerre en Ukraine ».

Alors, pas question pour ces gens-là de laisser un grain de sable comme l’ANSES les arrêter dans leur trafic mondial des grains !

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