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- Lutte ouvrière n°2856
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Stellantis – Poissy : les travailleurs ont tranché !
Lors des élections professionnelles tenues le mercredi 19 avril à l’usine Stellantis (PSA) de Poissy, les travailleurs ont très clairement choisi les militants de la CGT historique, contraints de passer à SUD après avoir été exclus par la Fédération des travailleurs de la métallurgie de la CGT (FTM).
Cela fait plus de deux ans que ces militants se battent contre la politique de division menée par cette fédération, qui a entrepris le sabotage du syndicat historique CGT de l’usine qu’elle jugeait trop combatif et pas assez discipliné à son goût.
Ce syndicat, porté depuis des dizaines d’années par des militants dévoués contre un patron de combat, a été exclu de la CGT en décembre dernier. Pour y parvenir, la FTM a dû s’asseoir sur les statuts mêmes de la confédération en créant de façon artificielle un deuxième syndicat CGT dans l’usine. Malgré la grossièreté du procédé, elle a trouvé le soutien de la justice, qui sait choisir entre des bureaucrates et des militants contestant le pouvoir des patrons. Les militants attaqués ont tout fait pour rester à la CGT, avec le soutien d’une majorité de syndiqués et des travailleurs de l’usine : deux pétitions dénonçant cette division et ces exclusions ont recueilli les signatures de plus de 1 000 salariés.
Mais la direction de la FTM se moque autant de l’avis des travailleurs que des règles élémentaires de la démocratie syndicale. Elle a préféré jeter dehors tout un syndicat, y compris les militants les plus connus et les plus appréciés de l’usine, et confier les clés de la CGT à des délégués, certes plus dociles vis-à-vis de ses décisions, mais bien moins militants et moins liés aux travailleurs. Et c’est bien pourquoi aussi, durant tout le conflit, la fédération a eu le soutien bienveillant de la direction de PSA, qui a vu d’un bon œil les attaques contre les militants les plus déterminés contre elle.
L’équipe militante devenue SUD a toujours défendu l’idée que les travailleurs, lors des élections professionnelles, seraient les seuls vrais juges dans ce conflit. Leur exclusion les ayant privés de leurs mandats, de leurs heures de délégation et des quelques moyens légaux que donne le fait d’être un syndicat « représentatif », ils ont mené campagne sans moyen, parfois sanctionnés par la direction pour « présence en dehors de leur temps de travail », en se mettant en débrayage pour pouvoir aller discuter avec les travailleurs dans les ateliers.
La direction de l’usine s’est impliquée durant la campagne électorale en organisant des réunions sur le sujet pour tous les travailleurs, dans lesquelles elle expliquait qu’il ne fallait pas voter pour un syndicat « non représentatif ». Au fond, elle a ainsi fait elle-même la démonstration que, pour elle, SUD était bien la continuation de la CGT historique et le seul syndicat capable de la combattre.
Les travailleurs combatifs de l’usine ne s’y sont pas trompés : ils ont voté, à plus de 21 % au premier collège ouvrier, pour le nouveau syndicat SUD, c’est-à-dire pour l’ancienne équipe militante de la CGT conduite par Farid Borsali et Jean-Pierre Mercier, montrant ainsi leur soutien à ces militants. Et cela dans une ambiance qui reste marquée par le poids des syndicats liés au patron.
Les travailleurs ont aussi infligé un désaveu cinglant aux méthodes de la FTM : 10,6 % pour la CGT au premier collège ouvrier, soit 8,1 % seulement sur l’ensemble de l’usine, ce qui l’a rendue « non représentative » selon les règles légales. La Fédération des métaux a donc réussi, à Poissy, à couler la CGT, que les patrons de choc de Peugeot n’avaient jamais réussi à faire disparaître !
Au soir et au lendemain du scrutin, des centaines de travailleurs ont exprimé leur satisfaction, et même leur joie, devant ce résultat. De nombreux ouvriers ont exprimé leur estime de la volonté des militants de la CGT historique, qui ont réussi à se relever et à s’imposer malgré les coups portés à la fois par le patron, la FTM et la justice bourgeoise.
Il reste maintenant à poursuivre le combat pour organiser et mobiliser le plus largement possible les travailleurs, et ce quel que soit leur vote dans ces élections, pour lutter contre l’exploitation patronale et contre les attaques du gouvernement.