Dans le monde

Ukraine : un régime corrompu et antiouvrier

Une récente vague de limogeages au sommet de l’État ukrainien en dit long sur la nature véritable de ce régime que médias et gouvernants occidentaux présentent comme le héraut de la démocratie à l’est de l’Europe et le défenseur des intérêts de la population ukrainienne.

Quatre ministres, cinq gouverneurs régionaux et quatre très hauts responsables ont été limogés. On a appris aussi que le vice-ministre de la Défense, Chapovalov, le chef adjoint de l’Administration présidentielle, Tymochenko, et le procureur général adjoint, Symonenko, avaient démissionné. Ou plutôt, qu’ils avaient été démissionnés, comme l’indique un communiqué du ministère de la Défense à propos de son numéro 2 : il s’agissait, dit-il, de « préserver la confiance de la société et des partenaires internationaux » de l’Ukraine.

Il faut croire que si le régime en arrive à de telles mesures, c’est qu’il y a urgence pour lui, au moins vis-à-vis de la population. Récemment, des médias ont commencé à révéler des affaires de marchés conclus par le ministère de la Défense, qui achetait de quoi nourrir ses soldats en payant à des prix deux à trois fois plus élevés qu’en magasin. Les lecteurs ont ainsi appris qu’il payait 17 hryvnias (0,42 €) les œufs qu’eux achètent à 7 hr (0,17 €), les pommes de terre 22 hr au lieu de 8 ou 9. S’agissant de produits de première nécessité, que la population travailleuse peine à acheter, une telle différence a déjà de quoi choquer. Alors que chacun a un ou des proches à l’armée, cela montre surtout que ses grands chefs profitent de la guerre pour s’enrichir, eux ainsi que des intermédiaires et fournisseurs amis. Et puis, la presse a publié non plus les prix d’achat à l’unité, mais le montant total des contrats conclus le 23 décembre : 13,16 milliards de hryvnias (328,27 millions d’euros) pour les seules régions militaires de Tcherkassk, Poltava, Jytomir et Tchernihiv.

Cela souligne le fait que, quand Zelensky affirme chaque jour à la télévision que toute la population se mobilise pour défendre la patrie, les profiteurs de guerre pullulent au sommet de l’État, y compris parmi ceux qui organisent ladite défense nationale.

Comme ces gens se croient tout permis, Symonenko, censé faire respecter la loi au sommet, a, entre autres frasques, pu aller passer des vacances en Espagne, bien que toute sortie à l’étranger soit interdite aux hommes en âge de porter les armes. Qu’il y soit allé dans la voiture d’un homme d’affaires avec un garde du corps de ce dernier n’étonne guère. En effet il est de notoriété publique que la plupart des oligarques et affairistes de quelque importance ont fui depuis des mois se mettre à l’abri à l’étranger, laissant aux Symonenko, Zelensky et autres la charge de rafler des combattants pour servir de chair à canon face à l’armée russe.

Peu avant ces révélations et démissions forcées, Lozynsky, vice-ministre des Infrastructures, avait été évincé. Il avait reçu 400 000 dollars pour faciliter l’achat de générateurs, alors qu’une partie de la population est plongée dans l’obscurité et le froid du fait des frappes russes qui ont détruit beaucoup d’infrastructures énergétiques.

Tymochenko, le numéro 2 de l’Administration présidentielle, en poste au côté de ­Zelensky depuis son élection en 2019, serait aussi impliqué dans des détournements liés à la reconstruction du pays… dont il avait en partie la charge.

Peut-être encore plus que ses compères limogés, ce personnage, typique de la haute bureaucratie ukrainienne, fait en quelque sorte le pont entre le pouvoir actuel et celui d’avant février 2022. En effet il a été impliqué dans une série de scandales financiers avant comme après le déclenchement de la guerre. Cela n’avait pas eu d’autre conséquence jusqu’à présent.

Ce pouvoir n’est pas moins ennemi des travailleurs que celui de Poutine : il était, est et reste fondé sur la corruption, le pillage en grand des ressources de l’État et un mépris sans borne pour le sort et les souffrances de la population.

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