Matières premières : les affameurs gavés25/01/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/01/2843.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Matières premières : les affameurs gavés

L’organisation non gouvernementale (ONG) suisse Public Eye a publié le 16 janvier un rapport qui met en évidence l’enrichissement fabuleux des entreprises de négoce sur les matières premières agricoles et les sources d’énergies fossiles, à la faveur de la pandémie et de la guerre en Ukraine.

Avec 6,7 milliards de dollars, le numéro un mondial du négoce agricole, Cargill, a battu des records de bénéfices. La famille de William Wallace Cargill, fondateur de l’entreprise, est l’une des plus riches au monde et sa fortune aurait augmenté de 20 millions de dollars par jour depuis 2020, selon l’ONG Oxfam. Ses principaux concurrents ne sont pas en reste et ont aussi encaissé des profits sans précédent. C’est le cas de Trafigura qui, avec 7 milliards de dollars, multiplie par deux son précédent record de 2021, d’Archer Daniels Midland et de Louis Dreyfus Company, dont les résultats semestriels dépassent leur précédent bilan annuel.

Les cinq premiers négociants en pétrole, gaz et charbon ont vu également leurs bénéfices exploser. Glencore, leader du marché, a engrangé 5 milliards de dollars de bénéfices en 2021, soit une augmentation de 661 % par rapport à sa moyenne d’avant pandémie. Sur les six premiers mois de l’année 2022, son principal concurrent, Vitol, a dépassé son propre record avec 4,5 milliards de dollars.

La mainmise de cette poignée d’entreprises ne se limite pas à l’acheminement de matières premières. Elles exploitent des plantations, des mines ou des raffineries. Elles contrôlent les chaînes logistiques et le transport maritime. Leur poids est tel que Public Eye affirme que huit des dix entreprises au plus gros chiffre d’affaires de Suisse en 2021 étaient des négociants et qu’elles pèsent dorénavant autant dans le PIB du pays que l’ensemble du secteur financier.

Si les pandémies et les guerres sont des calamités pour les travailleurs, elles sont des aubaines pour les grands groupes capitalistes. Cet enrichissement éhonté a des répercussions sur l’ensemble de la planète. Selon la Banque mondiale, environ 95 millions de personnes sont passées sous le seuil de la pauvreté absolue depuis le début de la pandémie. Partout, les travailleurs ont de plus en plus de mal à se nourrir face à la flambée des prix et les centres de distribution alimentaire croulent sous les demandes de nouveaux bénéficiaires.

La seule solution pour stopper cette « avidité grotesque » dénoncée hypocritement par le secrétaire général des Nations unies serait d’exproprier ces affameurs et de placer la production et les échanges de ces produits indispensables sous le contrôle des travailleurs.

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