Les retraités visés19/01/20232023Journal/medias/journalarticle/images/2023/01/P4-1_2018_03_15_Manif_retraites_29_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C42%2C800%2C491_crop_detail.jpg

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Les retraités visés

En décembre 2018, Macron déclarait : « Les retraités constituent une part précieuse de notre nation », quelque peu secoué par la mobilisation des gilets jaunes. Pourtant rien ne dit que les pensions de retraite ne fassent pas, elles aussi, l’objet d’une prochaine attaque ciblée du président et du patronat.

Illustration - Les retraités visés

En 2018, une augmentation de la CSG de 1,7 % avait brutalement fait baisser le montant des pensions de retraite. Plus ou moins compensée pour les travailleurs actifs par une baisse des cotisations salariales, cette hausse de CSG avait fait perdre à des couples de retraités plusieurs centaines d’euros sur l’année. Et même lorsque, devant la colère des retraités, le gouvernement avait en partie reculé, annulant cette hausse pour les pensions inférieures à 2 000 euros par mois, l’attaque continuait à produire son effet, le calcul étant fait pour beaucoup sur les revenus du couple.

À présent, le verbiage sur « l’effort dû par chacun » et la « nécessaire ­solidarité intergénérationnelle » lais­sent planer l’­éventualité d’une nouvelle attaque ­antiouvrière, qui pourrait viser spécifiquement les travailleurs déjà en retraite. Ainsi, des députés et économistes macronistes ou bien le groupe de réflexion Terra Nova, qui se prétend pourtant progressiste, ont suggéré de ne pas négliger « nos aînés » qui disposeraient d’une « capacité contributive importante ». Autrement dit, il faudrait selon eux ne pas oublier de faire payer les vieux travailleurs !

Mais justement, ils ont payé et paient encore. Non seulement les pensions de retraite sont fortement écornées, tout comme les salaires, par l’inflation, mais elles ont fait l’objet de soustractions systématiques sous les coups des gouvernements successifs. Balladur, en 1993, leur a porté un coup décisif en les indexant non plus sur les 10, mais sur les 25 meilleures années, puis en adossant leur revalorisation à l’inflation, calculée selon des critères gouvernementaux, et non à la progression du salaire moyen. Juppé ayant échoué dans ses attaques en 1995, Fillon les a poursuivies, et la ministre PS Touraine les a encore aggravées.

Cette succession de remises en cause du droit à une retraite correcte explique le constat du COR, le Comité d’orientation des retraites, montrant que le taux de la retraite, comparée au salaire précédent, n’a fait que baisser de génération en génération. Les longues périodes de gel des salaires et du point d’indice pour les employés de l’État ont mécaniquement entraîné elles aussi une baisse des pensions. Les revalorisations annuelles sous-évaluées, et retardées par Sarkozy, Hollande puis Macron par mesure d’économie, ont fait le reste. Sur quinze ans, quand le smic a augmenté de 31,2 %, les retraites de base comme les retraites complémentaires n’ont crû que de 18,3 %.

Si, pour l’instant, le gouvernement semble se garder prudemment d’une attaque ciblée contre les actuels retraités, ces derniers ont toutes les raisons de participer pleinement à la mobilisation contre les projets néfastes de Macron et du patronat, qu’ils soient exprimés ou en gestation.

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