Place du Marché : 1 900 travailleurs menacés de licenciement11/01/20232023Journal/medias/journalarticle/images/2023/01/P14-3_Place_du_marche_C_LO.jpg.420x236_q85_box-83%2C0%2C715%2C356_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Place du Marché : 1 900 travailleurs menacés de licenciement

Les 1 900 travailleurs de la société Place du Marché (ex-Toupargel) et de ses filiales sont en passe d’être licenciés. Le tribunal de commerce de Lyon devait entériner la liquidation le 11 janvier 2023.

Illustration - 1 900 travailleurs menacés de licenciement

Toupargel, société de distribution spécialisée dans la livraison alimentaire à domicile, créée à Lyon en 1947, a été rachetée en 1982 par Maurice et Roland Tchénio. En 2019, le groupe possédait 119 agences de livraison, 31 de télévente et trois plateformes de logistique dans plusieurs régions. Cette année-là, les Tchénio ont vendu Toupargel pour 175 millions d’euros aux frères Bahadourian, des bourgeois lyonnais enrichis dans l’épicerie orientale, actionnaires de la chaîne Grand frais. Devenu Place du Marché, Toupargel a été délesté de son patrimoine immobilier et a dû verser de gros loyers aux nouveaux patrons. Reprise sans dettes, l’entreprise a accumulé les déficits.

Pour expliquer la faillite, la direction invoque le Covid et l’inflation. Il semble pourtant qu’en 2020 le chiffre d’affaires a augmenté, et qu’un prêt garanti par l’État de 35 à 40 millions a été obtenu, prêt qui ne sera pas remboursé par les actionnaires. Pour de nombreux salariés, les raisons de la direction sont de faux prétextes.

Plusieurs sites sont donc occupés par les travailleurs en grève, qui essaient d’empêcher le départ des derniers stocks de marchandises. L’écœurement et la colère dominent, face au pillage de l’entreprise par les actionnaires et à la complicité des autorités qui ne bronchent pas. « On nous a demandé de travailler tous les samedis de décembre, et finalement, on ne sait même pas si nos heures supplémentaires seront payées », témoignent de nombreux ouvriers.

Ce patron et ses prédécesseurs ont exploité ces travailleurs, payés au smic, travaillant souvent le week-end, et pour certains dans des chambres froides à -28 °C. La fortune des Bahadourian a explosé. Selon le magazine Challenges, elle est passée de 400 millions d’euros à 1,3 milliard entre 2020 et 2022. Établis à Genève, ils ont déboursé 40 millions pour s’offrir une propriété de 7 000 m2 au bord du lac. La fortune des anciens actionnaires, les Tchénio, a augmenté dans les mêmes proportions et a atteint les 625 millions. En prenant sur les fortunes des uns et des autres, il y aurait largement de quoi maintenir les emplois et les salaires de tous les travailleurs.

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