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Dans les entreprises
RATP bus : un accord scandaleux
La direction de la RATP s’est vantée d’être parvenue à un « dialogue social renouvelé » en signant un accord majoritaire avec FO et l’UNSA sur les conditions de travail des conducteurs de bus.
Tous les médias aux ordres ont complaisamment relayé cette présentation mensongère, parlant de 372 euros d’augmentation. En fait, cette augmentation a été gonflée artificiellement en y intégrant une prime. Sans celle-ci, elle n’est que de 224 euros net par mois, qui ne payent même pas les 190 heures annuelles de travail supplémentaire imposées par la direction.
Les syndicats signataires, majoritaires à eux deux dans l’entreprise, ont pourtant osé parler de « victoire » au sujet de cet accord. Mais la réalité est que la direction a fait entériner une dégradation des conditions de travail particulièrement brutale en échange de quelques miettes. Signer un tel accord au nom des travailleurs est une honte !
La direction a commencé à appliquer dès l’été sa nouvelle attaque sur les conditions de travail : augmentation de la moyenne du temps de conduite de plus de 50 minutes par jour ; suppression d’une barrière-repas qui empêchait les horaires du matin d’aller au-delà de 14 heures, ainsi que d’une prime pour les services effectués en deux parties.
Désormais, des services qui commencent à 9 heures finissent vers 16 ou 17 heures. Et surtout les services en deux parties, comme par exemple 5 h 30-9 h puis 12 h-16 h, ou commençant vers 11 heures et finissant vers 21 h 30, sont de plus en plus nombreux. Mais cette attaque s’est retournée contre la direction, avec des grèves sur les services les plus rejetés, et des conducteurs qui refusaient les horaires ainsi fractionnés.
Avec cet accord, la direction en remet une couche en annonçant pour la période à venir l’allongement de l’amplitude journalière à 13 heures, voire 14 heures en cas de nécessité, en prévoyant d’augmenter la quantité de services en deux parties à 30 %, soit une semaine sur trois. Elle annonce aussi la suppression de plusieurs jours de repos : trois en 2023 et encore cinq de plus en 2024.
La direction espère que cet accord va la sortir de la situation où sa politique l’a menée, avec une hausse des démissions et des grèves. Direction et gouvernement craignent qu’un mouvement important de grève n’éclate dans les bus RATP, comme à Transdev ou à Keolis, mis sous pression de façon similaire. Cette signature syndicale leur redonne l’espoir de faire accepter aux travailleurs la dégradation de leurs conditions, y compris dans le cadre de leur transfert vers des filiales. C’est un gros cadeau que les syndicats signataires font au patronat, et au-delà à Pécresse, présidente de la région Île-de-France et d’Île-de-France Mobilités, et au gouvernement.
Les 224 euros net d’augmentation accordés, prétendument pour compenser les efforts demandés aux conducteurs, sont une provocation !
La direction vole les travailleurs par tous les bouts : les salaires ont été quasiment bloqués depuis des années alors que les prix s’envolent, et elle veut faire travailler les conducteurs bien plus que ce à quoi correspond cette « compensation », qui en plus ne sera pas donnée aux futurs embauchés.
En cette période où le pouvoir d’achat recule et où chaque euro compte, les travailleurs n’ont pas été mécontents de ce petit plus sur la fiche de paie mais, comme disent certains : « Ce n’est pas parce qu’on prend l’argent qu’on va accepter les horaires pourris de la direction ! » Avec ou sans la signature de ces accords tout aussi pourris, il faudra la faire reculer.