Le mépris colonial toujours là11/01/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/01/2841.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Le mépris colonial toujours là

Mercredi 4 janvier, jour de la sortie du film Tirailleurs de Mathieu Vadepied, le ministère des Solidarités a annoncé son intention de signer « une dérogation, une tolérance accordée dans des conditions exceptionnelles » autorisant les derniers tirailleurs sénégalais à toucher le minimum vieillesse, même une fois rentrés dans leur pays.

Sur les 60 000 Africains ayant combattu de 1947 à 1962, pendant les sales guerres d’Indochine puis d’Algérie, il n’en reste plus que quarante, tous âgés de plus de 90 ans. Jusqu’à présent, pour toucher leur dû, à savoir le minimum vieillesse, les allocations familiales et une pension d’invalidité, ils devaient obligatoirement vivre en France au moins six mois par an. Ils réclamaient depuis des années la fin de cette obligation, souhaitant vivre leurs vieux jours dans leur pays. La mesure gouvernementale annoncée aura donc été arrachée à l’État français, au terme d’un long combat administratif. Vu le faible nombre d’anciens tirailleurs encore en vie, cette concession tardive, et qui ne porte que sur le minimum vieillesse, ne lui coûtera pas cher.

Après avoir sacrifié la vie de dizaines de milliers d’Africains pour le compte de l’impérialisme français, après les avoir effacés de l’Histoire et après avoir gelé leurs pensions pendant quarante ans, celui-ci continue, jusqu’au bout, d’afficher son mépris pour les populations des anciennes colonies et pour ceux qui lui ont servi de chair à canon.

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