Les copains et les coquins11/01/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/01/2841.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Les copains et les coquins

« L’industrie pharmaceutique est toujours soumise à un véritable procès en sorcellerie. On nous accuse d’être des profiteurs sans scrupule, des margoulins de la santé », déclarait Jacques Servier, fondateur et patron des laboratoires du même nom, en octobre 2007, dix ans après que le Mediator aurait dû être retiré du marché.

C’est que Servier se sentait intouchable. Le bougre avait des amis ! En 1985, Mitterrand l’avait décoré de la Légion d’honneur, en 2002 Chirac l’avait fait grand officier et Sarkozy allait bientôt, en 2009, l’élever au rang de grand-croix en le gratifiant au passage d’un : « La nation est reconnaissante de ce que vous faites. »

Ce n’était pas fini et les liens de la maison Servier avec l’État ont continué après la mort du fondateur, en 2014. Ainsi, il y a quelques jours, le 1er janvier, une certaine Madeleine Dubois a été promue au grade d’officier de la Légion d’honneur. Elle avait été embauchée en 1985 par Servier au poste de directrice de la communication. Puis elle suivit Jacques Barrot, ministre du Travail au temps de Jacques Chirac. Revenue en 1997 au bercail, à la maison Servier, elle fut jusqu’en 2013 conseillère du patron, qui sut l’apprécier : « Elle était aimée dans les administrations, elle permettait de nous faire recevoir », disait-il.

Tout aussi fidèle à Jacques Barrot, elle le remplaça au conseil général de Haute-Loire, puis y fut élue avec le fils de ce dernier, Jean-Noël Barrot, aujourd’hui ministre de la Transition numérique, qui vient… de décorer Madeleine. Pour avoir bien servi les intérêts d’un patron empoisonneur et assuré ses relations avec l’État ?

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