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Leur société
Laboratoires médicaux : une grève patronale
Déjà en grève à la fin de 2022, les laboratoires de biologie médicale privés ont recommencé depuis le 9 janvier. Ils n’assuraient que les analyses urgentes et ne transmettaient plus les résultats des tests Covid.
Les laboratoires protestent contre la volonté du gouvernement de réduire de 250 millions d’euros les sommes consacrées au remboursement de ces tests. Au plus fort de l’épidémie, ces remboursements avaient coûté plus de deux milliards d’euros à la Sécurité sociale.
Dans ce bras de fer entre le gouvernement et les laboratoires, ce sont toujours des arguments financiers qui sont mis en avant. La Sécurité sociale veut rembourser moins, ce qui est dans la logique de tous les plans d’austérité des gouvernements successifs, et les laboratoires, qui ont effectivement largement profité du Covid, sont bien décidés à défendre leurs énormes bénéfices, comme n’importe quelle entreprise capitaliste.
Ces laboratoires privés sont passés très majoritairement sous la houlette de groupes financiers, alors que les laboratoires publics au sein des hôpitaux ont vu leur part dans le secteur réduite. Aujourd’hui, les laboratoires privés font près des deux tiers des analyses, et même jusqu’à 85 % des tests Covid. Alors qu’en 2010 ces groupes financiers possédaient 16 % des laboratoires, ils en contrôlaient plus de 75 % en 2020. Au nombre de six (Biogroup, Cerba, Eurofins, Inovie, Synlab, Unilabs), ils représentent 75 % du marché et s’assurent une situation de quasi-monopole dans ce secteur. Ils sont regroupés au sein d’une Association pour le progrès de la biologie médicale dont le poids lui permet d’imposer sa loi aux quelques petits laboratoires encore indépendants et de peser largement dans les discussions avec la Sécurité sociale, y compris avec la menace de la grève. Et bien évidemment, quand ils parlent de « progrès de la biologie médicale », il faut comprendre progrès de leur situation de monopole et de leurs bénéfices !
Aujourd’hui, le secteur des laboratoires d’analyses représente un exemple de financiarisation quasi intégrale d’une discipline médicale, un phénomène qui se développe dans toutes les structures de santé, au détriment des malades et des soignants.