Sans-papiers : mutinerie au Mesnil-Amelot04/08/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/08/2766.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sans-papiers : mutinerie au Mesnil-Amelot

Mercredi 28 juillet, des retenus sans-papiers du centre du Mesnil-Amelot, en Seine-et-Marne, sont montés sur les toits pour protester contre leur détention. Trois d’entre eux sont parvenus à s’évader.

Les gardiens ont fait appel à la BAC pour mater la révolte. Ils ont tiré au flash-ball, jeté de nombreuses grenades lacrymogènes dans ces lieux fermés ; les retenus ont ramassé plus de cinquante projectiles. Des prisonniers ont été frappés violemment.

Ce centre de rétention est le plus grand de France, comptant 150 personnes. Retenues pour absence de papiers, elles sont détenues dans des conditions indignes, avant leur expulsion dans des pays où elles ont tout à craindre. Elles se plaignent de la nourriture, de ne pas pouvoir voir leurs familles et surtout de cet enfermement dans un cercle infernal par décision de l’administration.

Pendant de nombreux mois, du fait de la pandémie, les autorités ne pouvaient pas expulser les sans-papiers. Maintenant, elles le peuvent mais à condition, avant de les renvoyer en avion, de pratiquer un test PCR que ces derniers refusent. Ce refus les renvoie en prison en toute illégalité puisque la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, Dominique Simonnot, rappelle elle-même que « toute personne, quelle que soit sa situation, peut librement s’opposer à un acte médical ». Elle ajoute : « Cela ne saurait être qualifié de délit, ni faire l’objet de poursuites et d’emprisonnement ferme. »

Pour légaliser ces pratiques honteuses, le gouvernement a introduit dans le projet de loi sanitaire une infraction spécifique au Code d’entrée et de séjour des étrangers et au droit d’asile. Ainsi il est précisé que « cette peine [d’emprisonnement] est également applicable en cas de refus, par un étranger, de se soumettre aux obligations sanitaires nécessaires à l’exécution d’office de la mesure dont il fait l’objet. » Quand on est sans papiers, un refus de test Covid peut donc signifier jusqu’à trois ans d’emprisonnement et dix ans d’interdiction du territoire !

Avant même que cette disposition soit légale, les autorités l’ont utilisée sans scrupule : certains retenus enchaînent donc les périodes de rétention et les périodes de prison. L’un d’eux est ainsi dans cette situation depuis Noël dernier.

Face à cela les révoltes se succèdent : en janvier, des retenus ont tenté de mettre le feu au centre, en mars, ils ont fait la grève de la faim. Beaucoup ont le sentiment de n’avoir rien à perdre.

L’existence même de tels centres est une honte. Ils doivent être fermés, et les sans-papiers doivent être libérés.

Partager