États-Unis : Capitalisme carcéral04/08/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/08/2766.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : Capitalisme carcéral

Aux États-Unis, alors que des patrons se plaignent du manque de travailleurs à recruter et des salaires trop élevés, les entreprises sont de plus en plus nombreuses à vouloir exploiter les prisonniers qu’elles considèrent comme une main-d’œuvre presque entièrement privée de droits.

Il y a peut-être aujourd’hui aux États-Unis 1,5 million de salariés sous le contrôle de la justice. Certains travaillent en prison pour les autorités qui les ont emprisonnés, occupés à conditionner du gel hydroalcoolique ou envoyés combattre les feux de forêt dans l’Ouest aux côtés des pompiers.

Ils sont de plus en plus nombreux à travailler pour l’industrie, en dehors des prisons. Récemment, une grande entreprise de gestion des déchets a réclamé de pouvoir employer des prisonniers. C’est aussi le cas d’une chocolaterie industrielle dans deux usines au Kansas. Ces capitalistes s’entendent avec les autorités pour que les prisonniers bénéficient de libérations anticipées, mais conditionnées au fait de rester dans l’emploi concerné.

On voit ainsi les pouvoirs publics élever ces patrons au rang de bienfaiteurs parce qu’ils soulageraient le système carcéral surpeuplé et offriraient une réhabilitation sociale aux condamnés. Sous ce prétexte, ils touchent même des subventions. Par contre, à El Paso, au Texas, ce sont les condamnés qui doivent payer 22 dollars par jour à l’administration pour bénéficier de ces emplois sous-payés leur permettant de vivre hors de la prison.

Ces travailleurs, entièrement à la merci de leur patron, qui peut aisément les faire renvoyer en prison, doivent accepter des salaires de misère : en moyenne un prisonnier gagne 63 cents (à peine plus de 0,50 euro) de l’heure !

Les autorités de plusieurs États sont en train d’étendre ces programmes de libérations conditionnées qui aident à tirer les salaires vers le bas. Les patrons de la restauration sont particulièrement intéressés, alors qu’ils ont licencié en masse l’an dernier et cherchent à présent à réembaucher, mais à des salaires dérisoires.

Le système carcéral à la rescousse du profit patronal, on n’arrête pas le progrès.

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