Des mesures qui servent les patrons04/08/20212021Journal/medias/journalarticle/images/2021/08/P3-2_Manif_Paris_DSF_0056_31_juillet_C_Serge_DIgnazio.jpg.420x236_q85_box-0%2C1107%2C2362%2C2436_crop_detail.jpg

Leur société

Des mesures qui servent les patrons

Adoptée le 25 juillet par le Parlement, la loi étendant l’usage du passe sanitaire et instaurant l’obligation vaccinale pour certaines professions n’a rien à voir avec une mesure de santé publique, et tout à voir avec une attaque contre le monde du travail.

Illustration - Des mesures qui servent les patrons

Les salariés des cafés et restaurants, des grands magasins, des foires et des transports publics, sous réserve de validation par le Conseil constitutionnel, devront être pourvus du passe à partir du 30 août, jusqu’à la fin de l’état d’urgence sanitaire. Les soignants, sapeurs-pompiers, salariés de la santé, des hôpitaux et des Ehpad, les auxiliaires de vie, eux, doivent être vaccinés au 15 septembre au plus tard. Plusieurs millions de travailleurs sont donc concernés. Des soignants, à qui leur hiérarchie a demandé de venir travailler pendant le premier confinement, alors qu’ils avaient le Covid, pourraient désormais être licenciés s’ils ne sont pas vaccinés !

Dans la version initiale de la loi, le gouvernement prévoyait explicitement le licenciement des salariés qui ne se seraient pas pliés à ces obligations. Le Sénat, à majorité LR, peu suspect d’être favorable aux travailleurs, a hypocritement ramené cette disposition à la suspension sans salaire des salariés en CDI, les CDD et les contrats d’intérim pouvant toujours être rompus. En effet, une partie du patronat préfère encore la démission au licenciement, comme le patronat de l’hôtellerie-restauration qui juge « inacceptable [d’être] contraints de verser des indemnités de licenciement à l’occasion de telles ruptures ». De toute façon, être suspendu sans salaire ni allocations chômage n’est pas tenable pour un salarié. La ministre du Travail, Élisabeth Borne, a précisé les choses : « Il ne faut pas laisser croire aux salariés qu’il ne peut pas y avoir de licenciement », a-t-elle expliqué. Autrement dit, un travailleur qui serait suspendu pourra ensuite être licencié, non parce qu’il n’a pas de passe sanitaire mais au motif de son « inaptitude » ou du fait que son absence « désorganise le travail ».

Sous couvert de lutte contre la pandémie, le gouvernement donne en réalité de nouvelles armes aux capitalistes. Ceux-ci l’ont d’ailleurs bien compris. Ces derniers jours, de nombreux travailleurs se sont entendu dire qu’ils devraient être vaccinés, sous peine de licenciement. Des travailleurs de l’automobile ou du bâtiment ont été ainsi menacés par des chefs. Ces secteurs ne sont pas concernés par la loi ? Pour les capitalistes, peu importe ! Celle-ci est un nouvel outil pour intimider, faire du chantage à l’emploi, faire régner leur loi, voire se débarrasser des travailleurs qui leur résistent.

Ainsi, une nouvelle menace pèse sur bien des travailleurs. Et le gouvernement espère aussi qu’une division se crée entre ceux qui sont vaccinés et les non- vaccinés. Que les patrons puissent s’attaquer à ces derniers avec l’assentiment des autres représenterait un recul pour l’ensemble des travailleurs.

La nouvelle loi du gouvernement Macron-Castex est une offensive en règle contre le monde du travail. Mais la colère qui s’exprime contre elle, malgré ses aspects très divers, montre qu’elle est loin d’être acceptée.

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