Nos lecteurs écrivent AESH, une situation révoltante21/04/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/04/2751.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Nos lecteurs écrivent AESH, une situation révoltante

« Je suis AESH (accompagnant d’enfant en situation de handicap) dans une école primaire de Bourg-en-Bresse. Dans les établissements scolaires, il y a aussi des AVS (auxiliaires de vie scolaire). Nos conditions de travail sont indécentes et n’en finissent pas de se détériorer, ce qui a des conséquences pour les enfants handicapés.

La plupart des AESH et des AVS ne sont pas formés pour assurer des gestes relevant du paramédical, sur des élèves parachutés dans des écoles où le personnel n’a pas les moyens de les accueillir en respectant leur dignité et leur sécurité. On ne dispose même pas du matériel le plus élémentaire. Dans mon école, nous changeons les couches d’un enfant de CE1 lourdement handicapé en l’allongeant au niveau du sol, faute d’une table adaptée. (...) Accepter ces conditions de travail, c’est accepter de se casser le dos et c’est nier la dignité de l’enfant. Les refuser, c’est subir un chantage affectif : “Ce serait terrible pour cet enfant s’il ne venait pas à l’école.” Ce n’est pas acceptable.

Cela fait dix ans que je fais ce métier, et c’est de pire en pire. Le ministère avait imaginé la mutualisation, c’est-à-dire l’accompagnement par une seule personne dans la même classe de plusieurs enfants aux besoins spécifiques et variés. Il vient d’inventer le PIAL (Pôle inclusif d’accompagnement localisé), qui fait intervenir un accompagnant auprès de plusieurs élèves sur plusieurs écoles. Ceux qui refusent ce changement perdent leur emploi.

Plutôt qu’embaucher davantage d’AESH, le rectorat confie encore plus d’élèves à ceux déjà employés. Il faut travailler plus, donc, mais en gagnant toujours pareil (autour de 750 euros pour 26 heures hebdomadaires). En dix ans de carrière, j’ai vu mon salaire augmenter de 100 euros...

Aujourd’hui, de plus en plus d’AESH sont usés, moralement et physiquement, face à un système qui demande de faire toujours plus avec toujours moins. C’est pourquoi nous avons été nombreux à manifester le 8 avril un peu partout en France. »

Partager