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Japon : à Fukushima la catastrophe sans fin
Le gouvernement japonais s’apprête à rejeter dans l’océan Pacifique de l’eau radioactive qui a servi à refroidir les réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima.
Dix ans après l’explosion de la centrale, il faut continuer à refroidir les cœurs des réacteurs. Chaque jour 140 tonnes d’eau contaminée s’accumulent dans des citernes qui en contiennent déjà 1,25 million. La société Tepco, responsable de la centrale, affirme que son site de stockage sera saturé à l’automne 2022.
Après avoir envisagé plusieurs solutions, le gouvernement a tranché pour le rejet dans l’océan. L’eau serait filtrée à deux reprises, grâce à un système censé diminuer le nombre d’éléments radioactifs, puis diluée avant son rejet. Il restera pourtant dans l’eau du tritium et du carbone-14, ce qui, selon les autorités, serait sans grand danger pour la santé et l’environnement.
Mais ni les pêcheurs de la région de Fukushima, qui craignent de ne plus pouvoir vendre leur poisson, ni le reste de la population japonaise ne peuvent faire confiance aux déclarations rassurantes des autorités, après des années de mensonges de la société Tepco.
Avant la catastrophe, celle-ci n’avait jamais réalisé les travaux de sécurité demandés par l’autorité de sûreté nucléaire, et avait fourni de faux rapports. Pendant la catastrophe, ses dirigeants ont minimisé l’ampleur de la radioactivité, retardant les évacuations. Par la suite, aucun responsable de Tepco n’a été condamné. C’est l’État qui a pris en charge l’indemnisation des victimes.
L’université de médecine de Fukushima minimise aujourd’hui les cas de cancers de la thyroïde chez les enfants, pourtant multipliés par dix selon certaines études, et met en doute leur lien avec l’accident. Ceux qui continuent à lutter sur le site pour sécuriser la centrale sont des travailleurs précaires, sous-payés, mal protégés, et ils sont exposés à des doses de radioactivité supérieures aux normes.
Cette annonce du rejet d’eau radioactive dans l’océan et les déclarations rassurantes des autorités ne peuvent que provoquer la méfiance de la population, qui subit depuis dix ans les conséquences de l’irresponsabilité des dirigeants de Tepco et de leur recherche du meilleur profit.