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Leur société
Police : pour Macron, la matraque a de l’avenir
« Plus de bleu sur le terrain, (...) Ça rassure les gens, ça dissuade les délinquants », a déclaré Macron dans Le Figaro du 19 avril. Le même jour, depuis un commissariat de Montpellier, il promettait d’embaucher 10 000 policiers supplémentaires.
Déplacement du président à Montpellier, visite de Castex dans le Haut-Rhin pour annoncer de nouvelles places de prison : le gouvernement a lancé une nouvelle campagne sur la sécurité. Celle-ci arrive après le vote définitif de la loi sur la Sécurité globale, destinée à entraver toute publicité des violences policières et à condamner plus lourdement les agressions ou les simples outrages contre des policiers.
À un an de l’élection présidentielle, concurrencé par les ténors de LR ou du RN qui utilisent chaque agression dans le pays pour accuser le pouvoir de laxisme, Macron cherche ouvertement à séduire les électeurs de droite et d’extrême droite. En s’exprimant dans Le Figaro, journal très marqué à droite, c’est à eux qu’il veut montrer son amour de l’ordre et de l’uniforme. Il a rappelé comment son gouvernement avait, dès 2018, intégré à la loi ordinaire les mesures antiterroristes de la loi d’urgence. N’hésitant pas à flatter les racistes, il en a remis une couche contre « l’islamisme qui cherche à détruire nos démocraties et notre civilisation », faisant la promotion de sa loi sur les séparatismes, avant de vanter les résultats de sa lutte « contre l’immigration irrégulière ». Il s’est encore posé en champion de la lutte contre les trafics de stupéfiants, y compris les petits dealers et les consommateurs de cannabis, dont il refuse explicitement de légaliser ou d’encadrer la vente, contrairement à certains députés de sa majorité.
La délinquance, l’insécurité et les trafics qui pourrissent la vie de nombreux travailleurs, ceux qui n’ont d’autre choix que de vivre dans des cités pauvres, sont alimentés par le chômage de masse, par le délitement de la vie sociale, le reflux des associations ou des organisations ouvrières, et l’absence d’un avenir digne pour la jeunesse. Comme celle de ses prédécesseurs, Sarkozy ou Hollande, toute la politique de Macron, en favorisant la précarité et les licenciements ou en rognant les allocations des chômeurs, aggrave la misère et la déliquescence sociale qu’elle engendre.
Sa seule réponse se résume donc à « mettre du bleu sur le terrain ». S’il tenait cette promesse, ce qui n’est pas sûr, ajouter plus de policiers, surtout s’ils se comportent comme une armée en terrain ennemi et multiplient bavures et contrôles au faciès, n’améliorera certainement pas la vie dans les quartiers. La fonction essentielle de la police est de préserver les possédants des explosions qu’une société profondément injuste et inégalitaire peut provoquer. Pour enrayer la violence et l’insécurité, il n’y a pas d’autre voie que de s’en prendre à l’ordre social qui les engendre.