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Leur société
Gel : les inégalités du monde agricole
Le gel a eu des conséquences catastrophiques pour de nombreux exploitants agricoles. Le Premier ministre, Jean Castex, a annoncé le 17 avril la mise en place d’un fonds de solidarité exceptionnel d’un milliard d’euros.
Cet épisode climatique est aussi le révélateur d’inégalités qui, elles, n’ont rien de naturel. Si on a pu voir certains agriculteurs rester plusieurs nuits d’affilée à entretenir des braseros afin de tenter de lutter contre le froid, d’autres ont disposé de davantage de moyens, comme ces viticulteurs qui ont fait voler des hélicoptères au-dessus de leurs cultures pendant des heures, pour faire monter la température.
Les conséquences ne sont pas les mêmes suivant la taille de l’exploitation, suivant aussi la façon dont elle était assurée. L’assurance contre le gel existe dans les contrats, mais ceux-ci sont hors de prix pour certains petits paysans. Il est d’ailleurs significatif qu’environ 30 % des céréaliers, qui ont souvent de grosses exploitations, sont assurés contre les calamités agricoles, et seulement 5 % des arboriculteurs.
Dans le monde paysan, comme dans le reste de la société, ce sont les plus gros qui tirent leur épingle du jeu. En effet le coût de l’assurance est variable en fonction du capital assuré : de 3 à 5 % pour les grandes cultures, mais 10 % pour l’arboriculture, par exemple. De plus, il reste souvent une franchise importante à payer (entre 20 et 30 %), et l’indemnisation ne se déclenche qu’à partir de 30 % de pertes.
Un fonds de calamité agricole existe déjà, abondé par les cotisations des agriculteurs. Une des pistes envisagées depuis plusieurs années serait de rendre l’assurance obligatoire. Il n’est pas du tout sûr que cela résolve les problèmes des petits exploitants agricoles, mais il est par contre certain que cela constituerait une manne pour des sociétés comme Groupama, leader du marché pour ces assurances avec le Crédit agricole.