Leur société

Assurance chômage : appauvrissement programmé

D’après une étude de l’Unedic, au 1er juillet, 1,1 million de nouveaux chômeurs toucheront, la première année, une allocation inférieure de 17 % à celle qu’ils auraient touchée avant la réforme de l’Assurance chômage. Mais il ne s’agit que d’une moyenne.

La cause en est le nouveau mode de calcul utilisé pour définir le montant de l’indemnisation. Il consiste à diviser les salaires des 24 derniers mois par le nombre de jours travaillés mais aussi non travaillés pour cause de chômage partiel, de congés maladie ou de maternité. Ainsi, après juillet, de deux travailleurs ayant eu le même type de parcours payé au smic, l’un pourrait toucher 650 euros, somme déjà inférieure de 30 % à ce qu’elle aurait été avant la réforme, tandis que l’autre, ayant été au chômage partiel, en toucherait 440. De deux travailleuses, dont l’une ayant eu six mois de congé maladie et de congé maternité et pas l’autre, la première toucherait une allocation chômage inférieure de 30 % à la seconde.

Le gouvernement fait valoir qu’il a finalement plafonné le nombre de jours non travaillés pris en compte, qu’il a provisoirement suspendu l’exigence de 6 mois travaillés sur les 24 derniers pour avoir droit à l’indemnisation, ce qui était prévu à l’origine de la réforme, que la durée d’indemnisation sera de 14 mois au lieu de 11 comme avant la réforme. Mais tout cela n’est encore que provisoire jusqu’à un « retour à meilleure fortune », le gouvernement annonçant que ce sera revu quand il y aura la baisse du nombre de chômeurs de catégorie A, sans aucune activité, et que le nombre d’embauches de plus d’un mois, hors intérim, augmentera.

Voilà qui annonce de nouvelles querelles de chiffres et des tractations entre le gouvernement, le patronat, relativement satisfait puisque le malus pour utilisation trop fréquente des contrats courts est aussi suspendu, et les syndicats.

Quant aux chômeurs dont le nombre va exploser dès que les mesures d’aide aux entreprises disparaitront, ils vont se retrouver dans une situation de plus en plus difficile, voire catastrophique, qu’ils aient multiplié les contrats courts ou été en chômage total, comme le sont tous les intermittents et saisonniers.

Derrière la prétention à lutter contre le recours excessif aux contrats courts, l’objectif clairement affiché par le gouvernement est d’économiser jusqu’à 2,3 milliards par an, quoi qu’il en coûte aux chômeurs. Dans un contexte où le patronat licencie et jette au chômage des centaines de milliers d’intérimaires, la baisse des indemnités s’apparente à une double peine.

Plusieurs rassemblements ont déjà eu lieu à l’appel de syndicats ou d’associations, regroupant des intermittents du spectacle et des travailleurs précaires, qui sont particulièrement visé par cette attaque. Vendredi 23 avril, des manifestations sont prévues dans tout le pays. Tous ceux qui manifesteront pour réclamer le retrait de cette réforme ont bien raison.

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