Roumanie : un pays démuni face à l’épidémie08/04/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/04/2697.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Roumanie : un pays démuni face à l’épidémie

Alors que la Roumanie s’attend à connaître le pic de l’épidémie à la mi-avril, son gouvernement fait face à une vague de démission de personnels soignants.

C’est en particulier l’expression d’une réaction de sauve-qui-peut devant le nombre de soignants contaminés, des centaines sur près de 4 000 cas recensés début avril. Certains médecins et soignants roumains dénoncent une telle attitude, mais celle-ci reflète avant tout l’état du système de santé du pays. Alors qu’il y a 4,1 médecins pour 1 000 habitants en Italie, ils ne sont que 2,2 en Roumanie. Tous les pays connaissent un manque de masques, de tests, de blouses et de bien d’autres équipements, mais la Roumanie, en parent pauvre de l’Europe, fait face à une pénurie encore plus importante.

Comme dans tous les pays européens, les programmes d’austérité se sont appliqués à la santé, le gouvernement a favorisé le secteur privé au détriment du système public, en première ligne face à l’épidémie. Mais le manque de médecins est aussi la conséquence de leur départ vers les pays plus riches de l’Union européenne. En 10 ans depuis 2007, date de l’adhésion de la Roumanie à l’Union européenne, 25 000 d’entre eux ont quitté la Roumanie pour trouver ailleurs de meilleurs salaires et conditions de travail. L’Europe occidentale pallie en partie son manque de professionnels de santé en attirant ceux des pays plus pauvres de l’est de l’Europe.

Ajouté à cela, la Roumanie fait face depuis la mi-mars au retour massif de travailleurs expatriés, en particulier en Italie et en Allemagne, cherchant à fuir l’épidémie, refusant de se laisser piéger par la fermeture des frontières ou encore licenciés lors de la fermeture des entreprises. Le gouvernement a prétendu tester tous ceux qui reviendraient et imposer une quarantaine, mais il en est incapable dans les faits. Plusieurs millions de travailleurs pourraient rentrer car un cinquième de la population roumaine travaille à l’étranger. Les autorités répondent en menaçant d’une peine de 15 ans de prison ceux qui, contaminés, ne respecteraient pas les consignes sanitaires et le confinement.

Se servir des pays les plus pauvres comme réservoir de main-d’œuvre à bon marché, les priver de leurs médecins et de leurs structures de santé, est-ce là l’idéal européen ?

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