Seine-Saint-Denis : mortelles inégalités de santé08/04/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/04/2697.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

La société en crise

Seine-Saint-Denis : mortelles inégalités de santé

En Seine-Saint-Denis, la mortalité a bondi de 63 % entre le 21 et le 27 mars, par rapport à la semaine précédente.

En visite le 7 avril en Seine-Saint-Denis, Macron a dû entendre des soignants lui réclamer, en vain, des masques. Dans ce département, la mortalité a bondi de 63 % entre la semaine du 14 au 20 mars et celle du 21 au 27 mars.

Pour comparaison, la hausse atteint 32 % à Paris, département limitrophe. Mais interrogé par l’AFP, la direction de la Santé dit ne pas avoir d’explication dans l’immédiat quant à ces chiffres. Pourtant chacun sait que la Seine-Saint-Denis est le département le plus pauvre de France métropolitaine.

En temps ordinaire, en comparant la moitié nord de la Seine-Saint-Denis au reste de l’Île-de-France au milieu des années 2010, la mortalité générale des hommes y est supérieure de 11 % à la moyenne et celle des femmes de 13 %.

Se faire soigner est plus difficile dans ce département qui manque même de médecins généralistes. En Seine-Saint-Denis nord, le taux standardisé de personnes placées en Affection longue durée (ALD) pour pathologie respiratoire par l’assurance maladie est 49 % supérieur au taux de l’Île-de-France. L’épidémie de Covid-19 n’a fait qu’aggraver cela.

Les malades graves qui sont décédés fin mars avaient été infectés avant que le confinement généralisé ne soit instauré. Leur mort n’est donc pas l’effet d’un quelconque relâchement de la population, comme aiment à le dénoncer des responsables politiques qui voudraient faire retomber la responsabilité de l’hécatombe sur les victimes et leur entourage.

On peut s’attendre à une aggravation de la catastrophe sanitaire dans les quartiers les plus pauvres. Le confinement est évidemment plus difficile à respecter pour une famille nombreuse dans un logement HLM, sans parler des bidonvilles.

De plus, bon nombre de travailleurs, dont l’activité est indispensable – dans la santé, le nettoyage, les transports, les commerces alimentaires, etc. – et qui ne peuvent pas travailler depuis chez eux, vivent dans ces quartiers pauvres ; ainsi que ceux que leurs patrons obligent à venir à l’usine sans protection et sans qu’il s’agisse d’activités essentielles. Ce sont donc ceux-là qui ont le plus de risques de contracter le virus.

Partager