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La société en crise
BTP : pressions pour la reprise du travail
Le gouvernement a publié le 3 avril un guide de bonne conduite sanitaire, afin de faire revenir au travail les 2 millions de salariés du secteur du BTP, quasiment à l’arrêt depuis le début du confinement.
Dès le lendemain du confinement, le 17 mars, les trois principales organisations patronales du bâtiment s’étaient senties obligées de demander un arrêt temporaire des chantiers pour organiser les sécurités des salariés. Pourtant les patrons du bâtiment n’ont jamais été des champions dans ce domaine. La désorganisation, les ruptures d’approvisionnement, la défection d’une bonne partie de leurs sous-traitants ont dû peser dans cette démarche. Muriel Pénicaud, ministre du Travail, s’était opposée à cette demande en se déclarant scandalisée par « le défaitisme » des patrons du BTP.
Il aura fallu deux semaines pour que ministère et organisations patronales s’accordent sur un catalogue de plusieurs dizaines de pages préconisant des conseils impossibles à mettre en œuvre : le port de masques chirurgicaux qui n’existent pas encore en nombre suffisant, la distance minimale d’un mètre entre travailleurs, illusoire pour accéder au chantier, irréalisable dans les vestiaires, infaisable dans les gestes sur le chantier même…
Tous les syndicats, hormis la CFDT, ont refusé de signer ce guide des bonnes pratiques et sont hostiles à une reprise du travail dans le BTP. Ils soulignent que « l’objectif de ce document est bien de faire reprendre l’activité en protégeant juridiquement les employeurs ». Bouygues, Vinci, Eiffage et autres Colas avaient besoin de temps pour se réorganiser et de garanties de la part du gouvernement : les mastodontes du BTP ont obtenu tout cela.
Le communiqué gouvernemental, accompagné de la circulaire transmise aux préfets qui demande « de veiller à la reprise de l’activité du secteur », est criminel.