L'écologie politique : Ratisser large pour gagner plus de voix27/04/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/04/une-2230.gif.445x577_q85_box-0%2C14%2C164%2C226_crop_detail.png

Leur société

L'écologie politique : Ratisser large pour gagner plus de voix

Depuis que Nicolas Hulot a annoncé sa candidature à la présidentielle et fait des appels pour être investi des couleurs d'Europe Écologie-Les Verts, le petit monde de ce qu'on appelle l'écologie politique s'agite.

Eva Joly, jusqu'alors présumée gagnante des primaires d'Europe Écologie-Les Verts (EELV), s'est montrée la plus agacée : « Il y a quand même une énorme ambiguïté sur le nucléaire, a-t-elle déclaré. Il n'a rien dit alors que c'est un combat écologique depuis vingt ans. » Et elle a enjoint Nicolas Hulot de venir manifester avec elle pour montrer « notre volonté de sortir du nucléaire », position à laquelle il dit s'être récemment converti.

José Bové, lui, a affirmé que lors des primaires d'EELV il pourrait voter aussi bien pour Joly que pour Hulot, tout en balançant à ce dernier le coup de pied de l'âne sur sa couleur politique et ses positions, en soulignant : « Il a le droit d'évoluer... »

Mais c'est l'appel intitulé Les écolos pour Hulot, lancé le 15 avril et signé entre autres par Yves Cochet, député EELV, qui est le plus révélateur de la démarche de cette écologie politique. « Nous représentons, dit cet appel, les écologistes dans toute leur diversité. (...) Nous avons la conviction que la candidature de Nicolas Hulot à l'élection présidentielle de 2012 permettra de renforcer l'écologie politique et de l'ancrer plus fortement dans la société. (...) Ne sabordons pas cette opportunité qui s'offre à nous d'un score historique pour l'élection présidentielle de 2012. »

On ne peut pas être plus clair. Pour un Yves Cochet, l'objectif c'est d'abord le score que le candidat choisi fera à l'élection présidentielle et qui décidera du nombre de postes de députés qu'ils pourront raisonnablement espérer aux élections législatives qui suivront. Cet objectif les taraude depuis les élections européennes de 2009, depuis leur score « historique » à 16,28 % des suffrages, qu'ils ont ensuite plus ou moins maintenu aux régionales de 2010 puis aux cantonales de 2011.

Pour gagner le maximum de voix en 2012, il leur faut ratisser large et continuer à remplir le fourre-tout politique que constitue EELV. Certes Hulot est marqué à droite, mais il bénéficie de l'avantage d'être un animateur de télévision populaire, un globe-trotter aux allures d'amoureux de la nature et des animaux, ce qui renvoie aux préoccupations d'une partie de la population inquiète de l'avenir de la planète. Un avantage dont les dirigeants d'EELV espèrent bien qu'il se transformera en suffrages.

La démarche du courant dit de l'écologie politique consiste à mettre en avant les problèmes, certes bien réels, posés par le réchauffement climatique lié aux activités industrielles ou la production d'énergie nucléaire. Cette démarche leur a apporté un succès sur le plan électoral, dû à la sensibilité d'une partie de la population à ces problèmes, mais aussi au fait qu'une partie de l'électorat, déçue de l'expérience des gouvernements de droite comme de gauche, est tentée de se tourner vers un courant qui affirme poser les problèmes « autrement », sans pour autant remettre en cause l'organisation de la société. Mais du coup, la démarche de l'écologie politique débouche sur une attitude purement politicienne, se demandant tout au plus comment « peser » dans le cadre du système politique existant.

Même sur le simple plan des problèmes écologiques, cela revient à refuser de s'en prendre au véritable problème, c'est-à-dire au fait que tous les secteurs de l'activité économique sont soumis au seul critère du profit immédiat.

Cela peut leur ouvrir des carrières politiques, leur offrir des postes et des tribunes, et la concurrence entre eux est déjà grande sur ce plan. Mais une chose est sûre, cela ne modifiera en rien ni l'avenir de la planète ni celui de la société.

Partager