De Tchernobyl à Fukushima : Un système meurtrier27/04/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/04/une-2230.gif.445x577_q85_box-0%2C14%2C164%2C226_crop_detail.png

Leur société

De Tchernobyl à Fukushima : Un système meurtrier

Les commémorations du vingt-cinquième anniversaire de l'explosion d'un réacteur de la centrale nucléaire de Tchernobyl, en Ukraine, rappellent l'ampleur de la catastrophe mais aussi le mépris des gouvernants envers les populations et la permanence des mensonges d'État.

Vidéos, reportages et témoignages ont rappelé l'horreur des conséquences de la catastrophe : région désertée, immeubles abandonnés, hommes et femmes, souvent vieux et toujours très pauvres, qui retournent vivre dans la zone irradiée et interdite, faute de pouvoir vivre mieux ailleurs.

On a revu aussi les « liquidateurs », ces hommes qui ont combattu les matériaux radioactifs - souvent à mains nues avec de simples pelles et des jets d'eau ! - pour maîtriser l'incendie, puis pour confiner les débris du réacteur et nettoyer la zone contaminée autour de la centrale.

On ne sait pas vraiment combien ils ont été, au moins six cent mille, peut-être un million qui se sont relayés pendant des mois pour « liquider » la catastrophe. Nombre d'entre eux ont alors agi en connaissance de cause, conscients qu'ils risquaient leur vie mais conscients aussi de la nécessité d'intervenir pour éviter une explosion nucléaire encore plus effroyable. Des dizaines de milliers en sont morts. Parmi les rescapés, nombreux sont ceux qui souffrent de cancers et de maladies induites par la radioactivité. Et on a pu voir deux mille de ces survivants manifester le 17 avril à Kiev, capitale de l'Ukraine, pour réclamer... des médicaments en quantité suffisante et des pensions qui leur permettraient de vivre correctement, témoins vivants du mépris des autorités envers la population !

Au moment de la catastrophe, le 26 avril 1986, dans ce qui était encore l'Union soviétique, les bureaucrates qui la dirigeaient ont d'abord tu la catastrophe. Il leur a fallu deux jours pour l'annoncer, après que les pays scandinaves atteints par la radioactivité ont donné l'alerte. Puis ils ont délibérément menti sur l'ampleur de la catastrophe, le nombre de personnes évacuées, le nombre d'hospitalisés, de morts... Ils ont menti sur tout, au lieu de prendre les mesures qui auraient pu éviter la contamination de centaines de milliers de personnes et de nombreux morts.

Mais les bureaucrates de l'ancienne Union soviétique n'ont pas eu le monopole du mensonge. Ne serait-ce qu'en France, Chirac et tout son gouvernement se sont, eux aussi, employés à minimiser les retombées de la catastrophe, affirmant que « la France a été totalement épargnée » et qu'il n'y avait « aucun danger pour la santé publique », allant jusqu'à essayer de faire avaler à la population que le nuage radioactif s'était arrêté aux frontières !

Et quelques jours plus tard, le 6 mai, les représentants des sept grandes puissances capitalistes (c'était le G7 à l'époque), réunis à Tokyo, avaient le culot d'en appeler à ce que chaque pays soit « responsable de la transmission rapide d'une information détaillée et complète sur les alertes et les accidents nucléaires, en particulier ceux qui sont susceptibles d'avoir des conséquences par-delà les frontières ». On voit ce que cela donne, vingt-cinq ans plus tard, avec la catastrophe de Fukushima !

L'énergie nucléaire est certainement dangereuse, mais ce qui fait vraiment peur et ce qui est réellement criminel, c'est le mépris des gouvernants et des gestionnaires pour les populations, leurs silences, leurs mensonges destinés à maintenir leur ordre et leur pouvoir... et le fait que ce soit ces gens-là, ce système-là qui contrôlent la mise en place des centrales et leur fonctionnement.

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