IVG : la Constitution ne garantit rien06/03/20242024Journal/medias/journalarticle/images/2024/03/P3-1_2023_03_08_Manif_Femmes_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C42%2C800%2C491_crop_detail.jpg

Leur société

IVG : la Constitution ne garantit rien

Le Congrès, réuni à Versailles le 4 mars, a voté l’inscription de la « liberté garantie » de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution.

Illustration - la Constitution ne garantit rien

Cette mesure a finalement été adoptée après dix-huit mois d’un long processus parlementaire et de nombreuses tractations. La droite a ainsi imposé, lors du premier passage du texte au Sénat, que le droit à l’avortement devienne « une liberté garantie ». Parler d’un droit à l’IVG écorchait la bouche de la majorité de ces élus réactionnaires… Mais aucun parti n’a voulu apparaître comme s’opposant au droit des femmes de pratiquer un avortement et de pouvoir décider ainsi d’avoir ou pas un enfant. Même le Rassemblement national a majoritairement voté pour, alors que ce parti parlait encore récemment d’« avortement de confort » à propos de l’IVG. Du côté de la droite, de nombreux élus ont fini par s’y rallier car, comme l’a concédé une sénatrice LR, cette mesure est « symbolique » et « les effets juridiques seront assez limités ». Du côté de la gauche, en revanche, le ton est nettement plus euphorique. À les entendre, c’était un jour « historique ». La présidente du groupe La France Insoumise au Parlement, Mathilde Panot, déclarait même à la tribune qu’« aujourd’hui la France fait son entrée dans le siècle des droits des femmes ». La gauche a ainsi apporté son soutien à l’opération politique de Macron qui voulait se poser, à peu de frais, en président réformateur et progressiste face à ses concurrents.

C’est aussi sciemment passer sous silence les multiples difficultés auxquelles sont confrontées les femmes souhaitant y recourir. D’après le Planning familial, 130 centres pratiquant l’IVG ont fermé ces quinze dernières années. Le nombre de maternités est passé de 814 en 1996 à 461 en 2009, entraînant de fait une baisse des centres d’IVG dans les hôpitaux publics. Sans parler de la multiplication des déserts médicaux ou des pénuries de médicaments frappant y compris les pilules abortives, comme ce fut le cas récemment du Misoprostol.

Contrairement aux niaiseries rabâchées par la classe politique ces derniers jours, aucun droit n’est « gravé dans le marbre ». Les droits au travail et au logement figurent dans la Constitution sans garantir pour autant quoi que ce soit aux chômeurs et aux sans-abri ! Le droit à l’IVG restera une formule tout aussi creuse si des moyens ne lui sont pas consacrés. Les obtenir nécessitera que le combat continue.

Partager