Bien avant, une pétition avait recueilli 901 signatures favorables à une lutte pour obtenir des tickets restaurant, ce qui est leur principale revendication. Sur un effectif total de 1 300 employés, c’était donc une large majorité. Deux piquets de grève ont été mis en place : l’un devant la mairie, l’autre devant les services techniques. Mais le maire, Éric Jalton, a vite commencé à s’en prendre aux grévistes. Après voir réuni jeudi 29 février les membres de son parti politique communal la Frapp (Force de rassemblement abymien pour le progrès), il a constitué une équipe de choc pour venir s’attaquer aux grévistes. C’est ainsi que, le vendredi 1er mars au matin, une centaine de membres de ce parti, dont des conseillers municipaux, et des non-grévistes sont venus en découdre devant le piquet de grève des services techniques dans le but de dégager l’entrée.

À ce moment-là, les grévistes ont décidé de fermer le portail d’entrée des services techniques mais, étant inférieurs en nombre et après des échauffourées, ils n’ont pu empêcher son ouverture. Cependant, le coup de force n’a pas réussi à décourager les grévistes, qui ont organisé des prises de paroles, une conférence de presse dans le courant de la matinée et une réunion publique le soir sur le piquet de grève.

Plusieurs grévistes, dont une majorité de femmes, ont alors pris la parole pour décrire leurs conditions de travail. Plusieurs ont souligné le fait que, pour une fois, il s’agissait de soutenir les catégories C, avec des paroles très émouvantes de ces femmes grévistes dont beaucoup perçoivent des salaires très bas, car étant embauchés pour 20 à 28 heures de travail par semaine.

Au cours d’un premier préavis de grève au début du mois de février, le maire avait concédé des heures supplémentaires à certains employés pour leur permettre d’augmenter leur salaire. Mais, depuis son coup de force contre les grévistes, les protestations ont été nombreuses. Elles proviennent d’un certain nombre de travailleurs même non-grévistes, y compris de l’entourage proche du maire et de membres de la Frapp.

Les grévistes, bien que minoritaires, sont encore plus décidés à se battre qu’avant l’attaque du vendredi 1er mars. Le comité de grève se réunit chaque jour. Et la grève est reconduite après un vote. Un objectif a été fixé de s’adresser aux travailleurs communaux, à la population de la ville des Abymes, aux travailleurs des entreprises voisines, aux travailleurs du regroupement de communes Cap excellence qui regroupe Pointe-à-Pitre, Les Abymes et Baie-Mahault.

Lundi matin 4 mars, les travailleurs du service technique ont refusé d’entrer au travail en raison de l’attaque du vendredi matin. Puis, quand ils sont entrés sous la pression des chefs, ils n’ont pas travaillé. De même, certains employés ont tardé à entrer dans les bureaux de la mairie.