Otan : l’escalade militaire06/03/20242024Journal/medias/journalarticle/images/2024/03/P9-2_MArchand_darmes_miroir_ok_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C75%2C800%2C525_crop_detail.jpg

Dans le monde

Otan : l’escalade militaire

Le plus grand exercice militaire organisé par l’OTAN depuis la fin de la Guerre froide, quand l’URSS existait encore, est entré dans une nouvelle phase, appelée Nordic Responses. Il se déroule en Laponie, dans le Grand Nord, avec la collaboration de troupes suédoises, alors que ce pays n’a pas encore formellement adhéré à l’alliance militaire.

Illustration - l’escalade militaire

Au total, 90 000 hommes de plus de trente pays participeront à cet exercice étalé sur quatre mois, censé simuler une riposte à une attaque venant de l’Est, en mettant en scène un renfort de troupes venues d’Amérique. L’OTAN a annoncé qu’elle envisageait d’organiser désormais deux fois par an ce genre d’exercice et d’en faire monter les effectifs. Aujourd’hui, l’OTAN considère que 40 000 soldats des armées européennes sont « hautement préparés » et veut porter cet effectif à 300 000. Cette mobilisation d’ampleur montre comment les grandes puissances se préparent de plus en plus à la guerre, en y entraînant les petits pays dont elles ont fait leurs alliés forcés.

Pour l’instant, la politique des États-Unis, de très loin la puissance militaire décisive, est d’éviter l’escalade incontrôlée. Ils fournissent à l’Ukraine une aide militaire et financière considérable, sans laquelle ce pays ne pourrait pas résister à l’armée russe. Mais ils ne veulent pas non plus que la guerre franchisse un cap avant qu’ils ne l’aient décidé. Ils n’en sont pas moins déjà allés bien au-delà de ce qu’ils avaient initialement annoncé.

Il y a deux ans, les dirigeants américains et européens excluaient de fournir à l’Ukraine des chars lourds et des avions de chasse. C’est désormais chose faite. D’ici quelques mois, une soixantaine de chasseurs F-16 devraient être livrés à l’Ukraine par la Belgique, le Danemark, la Norvège et les Pays-Bas. La formation des pilotes ukrainiens est, elle, prise en charge par la Grande-Bretagne et les États-Unis. Et le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a déclaré qu’avec ces chasseurs, l’Ukraine aurait l’autorisation d’attaquer des cibles en Russie.

Et puis, une affaire a éclaté autour de la conférence, qui aurait dû rester secrète, entre de très hauts gradés de l’armée de l’air allemande. Elle a été interceptée et rendue publique par l’armée russe. Le commandant en chef de l’armée de l’Air parlait avec deux généraux de la fourniture à l’armée ukrainienne de missiles Taurus de longue portée qui, selon eux, permettraient de détruire le pont reliant la Russie à la Crimée. Le chancelier Scholtz, chef du gouvernement allemand, a aussitôt déclaré qu’il s’opposait à la livraison de tels missiles.

On ne sait pas jusqu’à quand durera cette relative retenue. Au même moment, les dirigeants européens s’inquiètent de l’évolution du rapport de force favorable à la Russie sur le terrain et de la lassitude de plus en plus visible de l’armée ukrainienne. Dans leur recherche d’une réponse, ils multiplient les surenchères pour affirmer qu’ils sont les meilleurs soutiens de l’Ukraine et qu’en aucun cas il ne faut laisser gagner la Russie. Ils s’interrogent également sur la détermination réelle des dirigeants des États-Unis à continuer de financer la guerre.

Alors, celle-ci continue avec sa propre logique et les dirigeants des grandes puissances eux-mêmes ne maîtrisent pas entièrement son évolution.

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