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Dans le monde
Rohingya : l’enfer des camps
Courant décembre, bulldozers et forces armées à l’appui, les autorités du Bangladesh ont brutalement détruit des centaines de petites échoppes à l’intérieur des camps où survivent dans des conditions effroyables plusieurs centaines de milliers de Rohingya. Ceux-ci s’y sont réfugiés après avoir fui les exactions et les massacres du pouvoir birman qui se sont intensifiés depuis 2017.
Près d’un million de personnes appartenant à cette minorité musulmane se retrouvent aujourd’hui parqués dans le district de Cox’s Bazar, au sud du Bangladesh, devenu le plus grand ensemble de camps de réfugiés au monde.
Plus de 400 000 d’entre eux sont notamment enfermés, sur quelques kilomètres carrés, dans le seul camp de Kutupalong-Balukhali, créé dès 1991 pour accueillir les réfugiés fuyant les persécutions qu’ils subissaient dans la Birmanie voisine.
Considérés comme apatrides, et donc sans nationalité légale, les Rohingya y vivent depuis sans aucune possibilité de gagner leur vie, sans aucune liberté de mouvement et à la merci de toutes les violences, des incendies et des gangs qui prospèrent dans cet océan de misère.
Mohib Ullah, un militant des droits de l’homme et représentant de ces réfugiés qui avait dénoncé ces exactions, y a ainsi été assassiné en septembre dernier.
Depuis quelques mois, le gouvernement du Bangladesh a pour sa part commencé à déporter une partie des réfugiés des camps de Cox’s Bazar vers l’île de Bhasan Char, située à 68 kilomètres de ses côtes. Près de 20 000 y ont été déjà « relocalisés », beaucoup de force, après qu’on a saisi leurs pièces d’identité.
Les autorités prévoient d’y envoyer au moins 80 000 autres, alors que cette île est particulièrement vulnérable aux inondations et aux cyclones. Des dizaines de Rohingya qui ont tenté de fuir ce nouvel enfer sont morts noyés.
Les Rohingya ne survivent qu’avec le soutien des ONG et du Haut- Commissariat des Nations-unies pour les Réfugiés. Les grandes puissances se gardent bien de mobiliser leurs immenses moyens logistiques, techniques ou médicaux et d’apporter une solution durable à ces damnés de la terre du 21e siècle. Et les médias occidentaux ne s’y intéressent pas.