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Vaccin anti-Covid : science et recherche du profit
Lundi 9 novembre, l’annonce par le laboratoire Pfizer d’un vaccin efficace à 90 % contre le Covid a soulevé un enthousiasme légitime.
Moins d’un an après la mise en évidence du virus responsable de l’épidémie, les connaissances, les techniques et le travail des scientifiques ont permis en un temps record de mettre au point un vaccin qui pourrait demain enrayer la pandémie.
Rien n’est encore certain, et surtout rien n’est aussi simple dans une économie régie par la course au profit. Mais la technique de mise au point de ce vaccin est nouvelle et a de quoi impressionner. Elle consiste à injecter dans l’organisme, non pas le virus, mais une fraction de son matériel génétique, de manière que les cellules fabriquent une petite partie du virus, contre laquelle le système immunitaire élabore alors les anticorps adéquats.
Dès le mois de juillet, les études de phase 2, réalisées sur quelques centaines de personnes, montraient l’efficacité du candidat-vaccin et une absence de nocivité. Les études de phase 3 ont alors démarré, afin de mieux apprécier la réalité de cette efficacité et de cette innocuité. Plus de 43 000 personnes ont été enrôlées dans l’étude. La moitié a reçu deux injections du candidat vaccin tandis que l’autre moitié recevait un placebo. À ce jour, seules neuf personnes du groupe vacciné ont développé les symptômes du Covid et ont été testées positives, contre 85 personnes dans l’autre groupe. La vaccination a donc été efficace, abaissant de 90 % le risque de développer la maladie.
L’étude n’est pas encore complètement terminée, elle devrait durer jusqu’à fin novembre avant d’avoir tous les résultats. Mais, le jour même de l’annonce de Pfizer, toutes les places boursières étaient à la hausse, jubilant, non pas pour les progrès de la science et les possibilités de la médecine, mais pour les remontées escomptées de la machine à profits.
« Ces résultats sont très encourageants, mais nous ne sommes pas au bout du chemin », a déclaré une spécialiste des maladies infectieuses et des vaccins, exprimant sans doute l’appréciation de la plupart des scientifiques. Il restera en effet à poursuivre les études sur la sécurité, puis à produire le vaccin en quantité, en centaines de millions de doses. Ce vaccin, disent les spécialistes, devra être conservé à -70 degrés, ce qui n’est pas une mince affaire, et son prix tournerait autour de 25 dollars la dose, soit 50 dollars la vaccination, ce qui dit à l’avance qui y aura accès.
D’autres vaccins sont aujourd’hui à l’étude dans d’autres laboratoires, 47 en sont à l’étape des tests cliniques, l’étape indispensable où, avant de vacciner la population, il faut s’assurer de l’efficacité et du maximum de sécurité du vaccin. Pour cela il faut, comme pour le produit de Pfizer, le tester sur des dizaines, voire sur des centaines de milliers de personnes. On imagine ce que la mise en commun des résultats de toutes ces études pourrait apporter pour l’appréciation de l’efficacité et de la sécurité des produits. Il n’y a pas à l’attendre. Dans le cadre de la concurrence propre à l’économie capitaliste, chaque laboratoire travaille dans son coin, teste son candidat-vaccin, avec pour objectif prioritaire d’être sur le marché, pour le vendre.
Grâce aux progrès de la recherche médicale, 2021 sera peut-être l’année du vaccin contre le Covid-19. Mais on ne peut pas dire si ce sera le plus efficace et le plus sûr : ce ne sont pas ces critères qui s’imposeront pour sa mise au point et son lancement.