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Dans les entreprises
STMicroelectronics Grenoble : 0 % d’augmentation, le régime sec ne passe pas
Fin octobre, l’exaspération qui a suivi l’annonce du blocage des salaires pour 2020 à Microelectronics, dans l’agglomération de Grenoble, a entraîné des réactions que la direction n’avait certainement pas anticipées. Malgré le confinement, les salariés qui ont travaillé sans arrêt dans les ateliers et les bureaux depuis mars se sont rassemblés pour dire leur colère.
Malgré la crise du Covid, les usines de cette multinationale de 46 000 salariés ont toujours tourné à plein. Les carnets de commandes sont pleins et le chiffre d’affaires, de plus de 8 milliards d’euros, ainsi que les bénéfices de cette année, autour du milliard d’euros, seront comparables à ceux des années précédentes.
D’après les chiffres de la CGT, l’entreprise a bénéficié en moyenne ces dernières années, de la part des pouvoirs publics, de 342 millions d’euros annuels de subventions diverses. Cela grâce au programme spécifique aux nanotechnologies, au crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) ou au crédit d’impôt recherche, etc.
Le PDG justifie sans honte le blocage des salaires par l’exigence toujours accrue des places financières et par le risque de voir se fermer des marchés aux USA et en Chine du fait des surenchères protectionnistes.
Les salariés ne l’entendent pas de cette oreille et ont débuté des débrayages à l’usine de Crolles et sur le site de Grenoble. La colère est d’autant plus grande que les travailleurs, tant en production qu’en recherche et développement, ont le sentiment d’avoir pris des risques sanitaires pour que l’usine tourne à plein. D’autres, contraints au télétravail, n’ont pas compté leurs heures.
À Crolles, où sont concentrés 4 000 salariés, le saupoudrage préventif de primes diverses n’a pas été suffisant pour calmer le mécontentement. Les débrayages, suivis par des centaines de travailleurs, mettent la direction sur les nerfs.
La hiérarchie tente des pressions sur les salariés, promet des promotions, fait appel à des huissiers et même à la gendarmerie.
À Grenoble, elle promet des primes de production plus importantes, pour l’année prochaine !
Dans les bureaux, quelques dizaines d’ingénieurs, parmi les 1600 que compte le site, se sont réunis en assemblée générale, via une visioconférence initiée par la CGT. Une dizaine d’entre eux ont même tenu à signifier à la direction, par mail, leur volonté de faire grève.
Les grévistes n’ont plus confiance dans cette direction empressée de satisfaire les appétits des financiers et pleine de morgue vis-à-vis des travailleurs, y compris de ses ingénieurs les plus qualifiés. Le PDG, Jean-Marc Chery, avait poussé le cynisme durant le précédent confinement jusqu’à comparer, dans une interview au journal patronal L’Usine nouvelle, le télétravail à du farniente aux Bahamas.
Ce mouvement, qui a réuni ouvriers, techniciens des salles blanches et ingénieurs, montre leur conscience d’avoir des intérêts communs et les mêmes adversaires.