Italie : un gouvernement aux ordres du capital05/12/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/12/2627.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie : un gouvernement aux ordres du capital

Giuseppe Conte, le discret président du Conseil italien, a annoncé mardi 4 décembre qu’il allait proposer un nouveau budget, plus conforme aux attentes de la Commission européenne. Celle-ci avait rejeté le 23 octobre un projet qui creusait le déficit italien au-delà des critères européens.

Salvini et Di Maio, les ministres de l’Intérieur et du Travail et véritables dirigeants de ce gouvernement de coalition entre La Ligue, parti d’extrême droite, et le Mouvement 5 étoiles, s’étaient alors répandus en déclarations nationalistes sur l’indépendance du gouvernement italien, qui refuserait de se plier aux injonctions de l’Europe et sauverait ses réformes sociales.

Le projet de budget contenait des mesures mises en avant par les deux partis pendant la campagne pour s’adresser à l’électorat populaire et lui promettre des mesures sociales. L’une concernait les retraites et l’autre l’institution d’un revenu universel citoyen, cheval de bataille du M5S, qui lui avait permis des scores élevés dans le sud du pays, dont certaines régions comptent plus d’un quart de familles vivant sous le seuil de pauvreté.

Fin septembre, Di Maio présentait triomphalement l’inscription du revenu citoyen dans le projet de budget, qui annonçait à l’entendre « l’effacement de la pauvreté en Italie ». À 780 euros mensuels maximum, ne pouvant être dépensés que dans certaines conditions, et assortis de contraintes comme des heures de travail gratuit à effectuer dans les collectivités locales, on était pourtant loin de la suppression de la misère !

Voilà maintenant que le gouvernement en annonce le report de plusieurs mois, pour cause de déficit budgétaire. Quant à la loi sur les retraites, qui devait permettre à certains de partir plus tôt, elle a été revue à la baisse pour les mêmes raisons.

La Ligue et le M5S accusent les technocrates de Bruxelles et l’Europe de ne pas leur laisser d’autre choix que d’obéir à leurs injonctions, pour ne pas se retrouver victimes d’une procédure d’infraction. Mais c’est à la loi du capital qu’ils obéissent. La Confindustria, le Medef italien, réclamait la démission du gouvernement s’il ne revenait pas en arrière sur ce budget. Elle était relayée par les dirigeants des banques d’affaires, qui constataient la hausse des taux d’intérêt sur les prêts accordés aux entreprises et à l’État et voyaient la spéculation sur la dette italienne menacer de dégénérer dans un scénario à la grecque.

Les mesures « sociales » du gouvernement Ligue-M5S ne s’en prenaient pas directement à la bourgeoisie. Mais dans ce contexte de crise, où celle-ci exige de l’État qu’il fasse des économies aux dépens des classes populaires et leur fasse accepter tous les sacrifices, elles étaient déjà de trop. Le message a été reçu cinq sur cinq par Salvini et Di Maio.

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