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Dans les entreprises
Raffineries : grèves et avertissement
Les travailleurs des raffineries ont décidé de reprendre le travail jeudi 29 novembre à 22 heures. La grève avait démarré mercredi soir 21 pour s’opposer au projet des patrons du pétrole de sortir des primes importantes du socle de la convention collective.
Elles constituent une bonne partie du salaire : ce projet permettrait aux entreprises de les supprimer quand elles veulent.
Les installations tournaient au minimum technique et rien n’était livré. Lundi 26, les assemblées générales avaient voté la poursuite de la grève jusqu’au 29, Total, le principal pétrolier en France, devant recevoir les organisations syndicales mercredi 28. Mais ce jour-là la direction s’est contentée de les écouter et de leur présenter des documents de bilan de l’année écoulée avant de s’en aller.
À la raffinerie de Feyzin, près de Lyon, le PDG de Total, Patrick Pouyanné, devait venir jeudi 29 au matin pour « échanger ». Un rassemblement était prévu devant le site pour soutenir les grévistes. Il y avait là des militants des usines chimiques voisines et aussi des gilets jaunes venus discuter avec les grévistes. En effet certains se relaient jour et nuit à un rond-point en face de la raffinerie, parmi lesquels des travailleurs ou anciens travailleurs de la chimie et certains qui ont fait les manifestations contre la loi El Khomri et les ordonnances Macron.
Lors de la rencontre « d’échange » avec le patron de Total, il y avait du monde : tous les cadres, le personnel non-gréviste et des grévistes. Certains salariés ont été particulièrement énervés quand il a osé dire que les salariés de Total gagnent 65 000 euros en moyenne. Est-ce son salaire de 3,8 millions par an qui fait ainsi monter la moyenne ?
Sinon, ce PDG a réaffirmé que la remise en cause de la convention collective n’était pas à l’ordre du jour mais qu’il refusait de l’écrire, que c’était une question de confiance… Beaucoup de salariés ont traduit par « pour le moment » ou « pour nous, mais probablement pas pour les nouveaux embauchés ».
À l’assemblée générale l’après-midi, 250 salariés sont venus, les travailleurs postés en grève, mais aussi des journaliers qui font deux heures de grève par jour. FO, qui est majoritaire, s’est prononcée pour arrêter le mouvement, quitte à le reprendre le 12 décembre, après les négociations salariales, alors que la CGT proposait de le continuer.
Lors du vote, seule une petite minorité s’est prononcée pour la poursuite de la grève. Le poids de FO a compté, mais aussi le fait que les principales raffineries arrêtaient le mouvement. Cependant quelques grévistes étaient très remontés contre la direction et auraient bien aimé tout arrêter.
Des négociations salariales ont lieu avec Total le 11 décembre. La semaine de grève écoulée est un avertissement pour la direction.