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Dans les entreprises
RATP : après les élections professionnelles
L’aspect le plus marquant des élections professionnelles à la RATP a été l’abstention record. Pour la première fois, le vote avait lieu par voie électronique et tout était fait pour inciter les agents à voter à la maison.
Beaucoup n’ont pas voté, par méfiance pour ce système, pensant que la direction pouvait savoir pour qui ils votaient. De plus, pour valider son vote, il fallait entrer son salaire. Toutes ces tracasseries ont conduit de nombreux travailleurs à refuser de voter. Au total, seuls 45 % des agents ont voté, contre 65 % en 2014. Tant et si bien que, dans la moitié des seize CSE, le quorum n’est pas atteint et il va falloir revoter en décembre.
Les résultats font apparaître un succès de l’UNSA, le syndicat le plus corporatiste et dont la campagne était basée sur la peur de perdre même les quelques avantages qui restent pour les travailleurs de la RATP, en faisant reposer cette menace sur la prétendue politisation des autres syndicats.
Avec 30,43 % et 5 982 électeurs, soit 16 voix de plus seulement que la CGT, l’UNSA devient la première organisation, bien que 13,73 % seulement des agents aient voté pour elle. Effet de la loi travail, il n’y a plus que trois syndicats dits représentatifs. Le grand perdant de ce système est SUD qui, avec 8,95 %, n’a plus voix au chapitre.
Malgré un système de vote qui l’a sans doute défavorisée, il est notable que la CGT ne recule pas. Elle reste largement majoritaire parmi les ouvriers de maintenance, avec plus de 70 % des voix. Elle est de loin le premier syndicat parmi les conducteurs de bus. La CGT devient le premier syndicat parmi les agents de stations, qui jusqu’alors votaient plutôt UNSA.
En revanche, la CGT est en recul évident parmi les conducteurs du métro, où elle ne fait que 17,69 % des voix, soit trois fois moins que l’UNSA. Parmi les raisons de ce recul, il y a le départ de la génération de militants qui avaient animé les grèves de 1995 et 2007, génération qui pour le moment n’a pas été remplacée. De son côté, la direction fait tout pour laisser le champ libre à l’UNSA. Mais les dirigeants de la CGT ont aussi leur part de responsabilité. Alors que la période exige une opposition claire aux plans de la direction et surtout de marteler que les salariés n’ont pas d’autre choix que de se battre pour protéger leurs conditions d’existence, ils préfèrent vanter la qualité du travail des élus dans les instances. À semer de telles illusions, pas étonnant que ce soit le syndicat qui entend « privilégier le dialogue social à l’affrontement » qui récolte les voix.
Or, dans ce contexte d’offensive du patronat, en l’absence de luttes collectives, il n’y a rien d’autre à négocier que des reculs ! À la RATP, au nom de l’ouverture à la concurrence, de nouvelles attaques se préparent et aucun secteur ne sera épargné. Autant dire que les travailleurs ont tout intérêt à contester dès maintenant les projets néfastes de la direction, sans se laisser abuser par le fait que ceux-ci ont l’aval de dirigeants syndicaux.