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- Lutte ouvrière n°2627
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Leur société
La République en marche… arrière
Face à l’ampleur du mouvement de contestation des gilets jaunes, le gouvernement s’est trouvé désarmé. Fallait-il maintenir le cap des réformes, comme le proclamait Macron, ou jeter du lest pour tenter de retrouver la paix sociale, mais en quelle quantité pour ne pas risquer l’effet contraire ?
Le temps que les dirigeants cherchent la réponse à cette question, la grogne s’était amplifiée et, avec elle, le soutien de la population, conduisant le gouvernement dans une impasse. Tout ce petit monde de politiciens fraîchement émoulus, du président de la République au jeune loup de province, tout aussi arrogant vis-à-vis des classes populaires, se trouva fort dépourvu quand la colère fut venue, pour paraphraser La Fontaine. Ils ont alors cherché comment se sortir du bourbier.
Ils ont tenté de jouer la carte de l’écologie, cherchant à faire accepter les sacrifices qu’ils imposaient aux classes populaires au nom de la sauvegarde de la planète. Or, si la plupart des gilets jaunes sont bien conscients que cette dernière va effectivement mal, ils ne sont pas prêts à gober qu’ils en sont responsables et que la hausse des carburants qu’on veut leur imposer résoudrait le problème.
La colère contre Macron et son gouvernement atteignant par ricochet tous les élus de La République en marche, ceux qui ont voulu défendre ce genre d’arguments auprès des gilets jaunes se sont fait conspuer, parfois même menacer. Ils se sont alors focalisés sur les dégradations commises lors de la manifestation du 1er décembre, comme si quelques boutiques saccagées dans les beaux quartiers ou un monument tagué étaient comparables aux centaines de milliers de vies brisées par le chômage et la pauvreté !
Voyant que, quoi qu’ils disent, cela tombait à côté des préoccupations des manifestants, plusieurs députés LREM ont alors senti qu’il était temps de tourner casaque, et ils ont commencé à critiquer la politique de Macron. Mais cela aussi est arrivé tardivement et ils n’ont aucune garantie, malgré leur volte-face, d’en sortir indemnes, ni que le discrédit de leurs dirigeants ne les entraînera pas eux aussi dans la débâcle.
En tout cas, tous ces parvenus à la tête de l’État ont montré à la bourgeoisie qu’ils ne sont même pas utiles à gérer une crise sociale. Elle en sera peut-êtreréduite à chercher d’autres serviteurs.