Violence scolaire, éducation sacrifiée : répondre collectivement24/10/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/10/2621.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Violence scolaire, éducation sacrifiée : répondre collectivement

La mise en ligne d’une vidéo montrant un élève menaçant avec un pistolet, factice, une enseignante dans sa classe d’un lycée de Créteil, et la médiatisation de l’agression, ont suscité l’indignation d’un grand nombre d’élèves, de parents et d’enseignants.

Le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, a voulu exploiter cet événement en déclarant dimanche 21 octobre : « Nous allons rétablir l’ordre. »

Il prévoit de réunir un comité stratégique avec le ministère de l’Intérieur pour « arrêter un plan d’action ambitieux visant à mettre un terme à de tels comportements ».

Ce ministre, qui appartient à un gouvernement qui fabrique les injustices, sert les riches aux dépens du reste de la population et vide les services publics de leur personnel, prétend résorber la violence en milieu scolaire par l’augmentation des conseils de discipline. Il invite les établissements à se servir de la loi sur l’interdiction du portable et prépare des mesures pour sanctionner les parents des élèves mineurs !

Ces pseudosolutions n’auront non seulement aucun effet, mais elles tendent à rendre les individus (enseignants, directions, parents) responsables, alors que la violence en milieu scolaire est le fruit d’une dégradation sociale généralisée, de la montée de l’individualisme et de la valorisation de l’argent facile.

On ne peut pas prétendre lutter contre la violence et continuer à supprimer des postes, à réduire l’encadrement des établissements scolaires. Car même si la présence d’adultes au sein des services publics ne règle pas tout, elle permet, en particulier dans le milieu scolaire, de désamorcer la violence verbale envers les enseignants, qui est la plus répandue, et la violence entre les jeunes.

Les enseignants ont dénoncé à juste titre la volonté des directions de taire les incidents, et surtout de les minimiser.

Pour autant une répression plus forte ne résout pas nécessairement la situation. L’école étant obligatoire jusqu’à 16 ans, exclure un élève consiste à le changer d’établissement, ce qui est le plus souvent un échec. Sanctionner financièrement des parents qui eux-mêmes se sentent exclus ou qui sont dépassés est une phrase démagogique, élément de la campagne permanente contre les pauvres.

L’affaire de Créteil a été médiatisée, mais elle ressemble à beaucoup d’autres du même ordre, dans les bus, les trains, les services d’urgence, la poste ou les services sociaux. Devant ce pourrissement de la société et des rapports sociaux, les travailleurs doivent se serrer les coudes, en exigeant du personnel en nombre suffisant et des conditions de travail décentes.

Ce minimum, qui ne pourrait être arraché que par la lutte, ne résoudrait pourtant pas tout, car l’école ne peut être isolée de l’ensemble de la société et de sa crise générale, économique et sociale. Les possédants pillent toutes les ressources pour maintenir leurs profits, ils n’entendent pas en distraire une partie pour l’éducation des enfants des travailleurs, pas même quelques sous pour permettre aux salariés de l’Éducation nationale de respirer. C’est cette politique-là que les ministres successifs sont chargés d’appliquer. Si des jeunes sont laissés de côté, si d’autres deviennent ingérables, si des enseignants craquent, que leur importe !

Le jour où Blanquer annonçait sa stupide, méprisante et dérisoire interdiction du portable, Macron visitait les marchands de canons et annonçait les milliards nécessaires à un nouveau porte-avions. Voilà où sont les priorités de l’État et de la classe possédante qu’il sert avec dévouement.

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