Sans-abri : encore un hiver dehors ?24/10/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/10/2621.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sans-abri : encore un hiver dehors ?

Le gouvernement a présenté aux associations son plan hivernal, pour l’hébergement des sans-abri, qui reprend pour l’essentiel le dispositif de l’an dernier, loin d’être suffisant.

Jacqueline Gourault, nouvelle ministre de la Cohésion des territoires, et Julien Denormandie, promu ministre chargé de la ville et du logement, ont annoncé un budget supplémentaire de 26 millions d’euros pour l’hébergement, et de 5 millions d’euros pour augmenter les maraudes. Rappelons que Julien Denormandie avait laissé un mauvais souvenir avec ses déclarations du 30 janvier dernier où il affirmait qu’il y avait « à peu près une cinquantaine d’hommes isolés en Île-de-France qui dorment dehors ». Un comptage citoyen réalisé quelques semaines plus tard en avait dénombré 3 000 !

Face à cette urgence, le nombre de places d’hébergement d’urgence n’augmentera pas cette année : 136 000 ouvertes toute l’année, et 14 000 seulement pour l’hiver. Les associations réclament au moins la pérennisation de ces places au sortir de l’hiver, pour éviter de remettre à la rue 36 % des personnes hébergées, comme c’était le cas l’hiver dernier.

En juillet 2017, Macron avait déclaré qu’il ne voulait plus, « d’ici la fin de l’année, avoir des femmes et des hommes dans les rues, dans les bois ou perdus. » Il s’est bien gardé de le redire depuis.

Il y a un manque criant de places, aussi vrai pour les familles que pour les personnes seules : à Toulouse, les travailleurs sociaux ont fait deux heures de grève vendredi 19 octobre pour dénoncer que 500 personnes dorment dehors, dont 150 en famille. À Paris, en septembre 2017, 20 % des familles qui demandaient un hébergement étaient prises en charge. Un an plus tard, il n’y en a plus que 6 %. Et 1 000 personnes par jour, qui appellent le 115, restent dehors. Sans compter celles qui, découragées, n’appellent même plus.

Le 14 octobre, Anne Hidalgo, maire de Paris, avait annoncé un plan de mobilisation, avec la création de 1 500 places d’hébergement, dont une cinquantaine pour des femmes sans-abri, dans les salons de l’Hôtel de Ville. Cela correspond à la moitié des 3 000 personnes à la rue recensées en février dernier. Pour l’autre moitié, Anne Hidalgo renvoyait la responsabilité de leur prise en charge à l’État.

Le problème ne peut effectivement pas se résoudre à l’échelle locale. C’est dans tout le pays que la pauvreté et le nombre de sans-abri augmentent, et ce ne sont pas les quelques mesures du plan pauvreté de Macron qui y changeront quelque chose.

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