Retraites, emplois, salaires Les travailleurs doivent se faire entendre haut et fort !14/08/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/08/une2350.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Retraites, emplois, salaires Les travailleurs doivent se faire entendre haut et fort !

Pour donner l'impression que, tel un capitaine de navire dans la tempête, il restait jusqu'au dernier moment à la barre, François Hollande a démonstrativement retardé ses vacances de quelques jours, pour visiter des sites industriels bien choisis et serrer quelques mains, devant l'objectif des caméras de télévision.

C'est que, a-t-il déclaré, « le chômage, lui, ne connaît pas de vacances », voulant montrer qu'il menait la guerre. Mais cette guerre, il ne la mène pas aux côtés des travailleurs et des chômeurs. Il la mène dans le camp des patrons.

Depuis un peu plus d'un an, il a laissé les grandes entreprises procéder à des plans sociaux dévastateurs, laissant sur le carreau des dizaines de milliers de travailleurs, à Citroën Aulnay, à Florange, à Goodyear, à Sanofi ou Virgin, pour ne citer qu'elles. Il faut y ajouter des dizaines de milliers d'emplois dont on ne parle pas dans les médias nationaux. À cette échelle, on peut parler de la part du gouvernement non pas de simple passivité, mais d'une véritable connivence.

Cette connivence se retrouve dans le projet de réforme des retraites que le tandem Hollande-Ayrault est en train de mettre sur pied. Cette fois, le gouvernement est directement aux commandes. C'est lui qui décide, même s'il fait semblant de soumettre ses projets aux dirigeants des confédérations syndicales.

Le gouvernement en place – tout comme celui de Sarkozy-Fillon auparavant – prétend « sauver les retraites des salariés », alors qu'il les démolit. Il prétend que, si on laisse faire, les caisses qui servent à financer nos retraites seront vides dès 2020. Parce que, dit-il, les travailleurs en activité ne seraient pas assez nombreux pour alimenter les fonds qui servent à financer ceux qui sont déjà à la retraite. Outre que c'est reconnaître que le chômage se maintiendra au niveau actuel jusqu'en 2020, c'est « oublier » que la productivité a décuplé durant les dernières décennies, chaque travailleur produisant bien plus qu'auparavant et rapportant bien plus de profit.

Et puis, pourquoi faudrait-il que les caisses de retraite soient alimentées par les salariés, alors qu'on pourrait – et ce serait plus juste – prendre sur les profits de nos exploiteurs, et en particulier sur les plus gros, qui n'ont absolument pas pâti de la crise ?

Pourquoi faudrait-il accepter cette règle, établie par les maîtres à penser du patronat, qui voudrait que plus on vit longtemps, plus il faudrait travailler vieux, telles des machines dont la durée de vie et la rentabilité sont calculées sur la durée de leur fonctionnement ? Tout cela relève d'un bluff orchestré par la gauche aujourd'hui, reprenant sans rien changer les arguments de la droite. Un bluff d'autant plus visible, que dans le même temps, on supprime massivement des emplois.

Cela montre qu'en réalité les employeurs ne cherchent pas tant à faire travailler plus longtemps les salariés en les exploitant jusqu'à la corde, mais cherchent à réduire leurs retraites à des pensions de misère.

Depuis plus d'un an, les socialistes sont aux affaires et les coups tombent de plus en plus dru sur les travailleurs. Il est plus que temps que le monde du travail montre, dans la rue, collectivement, sa colère. Pas seulement contre le projet de démolition de nos retraites, mais pour dire qu'il y en a ras-le-bol du chômage, de la précarité, des salaires bloqués et du pouvoir d'achat qui s'amenuise.

Le mardi 10 septembre, CGT, FO, FSU et Solidaires appellent à une journée d'action. Aucun travailleur ne se fait d'illusions : une simple journée ne peut contraindre le gouvernement à remiser son projet sur les retraites et, encore moins, à changer sa politique vis-à-vis du monde du travail et des classes populaires. Mais ce sera l'occasion de montrer notre mécontentement, notre colère vis-à-vis de la politique sociale de ce gouvernement.

Ce sera l'occasion d'exprimer la volonté de ne pas s'en arrêter là et de préparer les luttes à venir.

Éditorial des bulletins d'entreprise du 12 août

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