Wattrelos (Nord) : Des friches qui tuent14/08/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/08/une2350.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Wattrelos (Nord) : Des friches qui tuent

L'agglomération Lille-Roubaix-Tourcoing compte de nombreuses friches industrielles. Les derniers chiffres publics en recensent 156, qui occuperaient 390 hectares. Entre 2002 et 2008, plus de 39 accidents se sont produits, dont trois mortels. Les incendies accidentels sont aussi réguliers. La majorité de ces friches sont d'anciennes usines du textile, qui utilisaient de nombreux produits chimiques et dont les sols en restent imprégnés.

Fin mai, quatre jeunes sont morts, asphyxiés par les fumées toxiques d'un feu qu'ils avaient allumé dans l'ancienne filature de Saint-Liévin, une friche industrielle du centre de Wattrelos. Quelques jours plus tard, plus de 2 000 habitants manifestaient, marquant leur émotion pour ces jeunes, connus dans la ville comme étant des élèves sérieux, de bons camarades et des joueurs passionnés de football.

Personne n'a critiqué le fait qu'ils se soient retrouvés dans une friche abandonnée et interdite au public. Et pour cause : tous les jeunes des quartiers populaires, depuis des générations, improvisent des aires de jeux dans les nombreuses friches des environs. Mais pourquoi cette friche était-elle à l'abandon depuis 2004 ? Pourquoi n'oblige-t-on pas les anciens propriétaires à les nettoyer, les démolir ou les reconvertir ?

Cette ancienne usine avait été une des premières propriétés de la famille Mulliez, aujourd'hui troisième fortune du pays et propriétaire du groupe Auchan.

Il arrive que des patrons reconvertissent ces friches, dont certaines sont achetées pour un euro symbolique à l'Établissement public foncier et utilisées comme entrepôts d'appoint pour les sous-traitants de groupes comme La Redoute ou les 3 Suisses. Dans ces usines délabrées, les travailleurs respirent la poussière de la terre battue et éclairent parfois les rayonnages à la lampe de poche, au milieu des rats.

Après avoir licencié des dizaines de milliers de travailleurs, les anciens patrons du textile ont abandonné leurs usines en plein milieu des quartiers populaires. Il ne serait que justice de prendre sur leur fortune pour nettoyer ces sites et éviter de nouveaux drames.

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