Rapport parlementaire sur la sidérurgie : Nationalisme, protectionnisme et subventions14/08/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/08/une2350.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Rapport parlementaire sur la sidérurgie : Nationalisme, protectionnisme et subventions

Une commission comprenant des députés de tous les groupes de l'Assemblée nationale, avec Alain Bocquet, député PC du Nord, comme rapporteur, a rendu à la mi-juillet son rapport sur la situation de la sidérurgie.

Elle part des constats de la crise. Suite à la forte réduction de la consommation, notamment dans la construction et l'automobile, la production européenne d'acier a chuté de 210 millions de tonnes en 2007 à 169 en 2012. Si en Allemagne elle a retrouvé son niveau antérieur, en France elle a chuté d'un tiers.

Cependant, au niveau mondial la production d'acier ne cesse d'augmenter. Elle est passée « de 800 millions de tonnes il y a dix ans à 1,5 milliard de tonnes aujourd'hui », stimulée essentiellement par la production et la consommation chinoises.

La commission et son rapporteur Alain Bocquet reprennent alors à leur compte les inquiétudes des sidérurgistes européens, craignant « que les Chinois ne vendent de l'acier sur notre marché, en baissant les prix ». Ces parlementaires s'inquiètent aussi de cette « errance des marchés » car « le désengagement puis l'abandon des activités de base hypothéqueraient gravement notre indépendance ». « Or, nos industries ont besoin de garanties de long terme s'agissant de leurs marges de compétitivité. »

Cette commission propose donc comme solution l'intervention de l'État, qui devrait prendre des participations directes dans des entreprises. Mais cela se termine toujours à l'avantage des actionnaires privés, en particulier quand l'État se désengage. Cette intervention ne garantit pas non plus la pérennité des emplois, comme la restructuration de la sidérurgie l'a amplement démontré dans les années 1970-80. L'État peut aussi subventionner les licenciements en les rendant moins coûteux pour les patrons, subventionner la formation du personnel et la recherche, réduire la fiscalité de ces entreprises, alors que les profits vont directement aux actionnaires.

Parmi les 26 propositions de la commission, certaines tendent à renforcer la cohésion de la production européenne, d'autres à instaurer des droits de douane en cas de prix artificiellement abaissés, comblant ainsi le désir de Mittal, en concurrence avec l'acier chinois. La commission propose aussi de bloquer les importations d'acier à la composition chimique non conforme au standard européen... une forme classique de protectionnisme.

Elle envisage également d'orienter une partie de l'épargne populaire, l'assurance-vie, vers des investissements dans la sidérurgie et la métallurgie, avec le risque que cette épargne sombre avec ces entreprises si la crise s'accentue, comme c'est probable.

L'État au secours des profits capitalistes, voilà comment devrait s'intituler ce rapport. Il ne se prive pas au passage d'accuser « les Chinois » d'être responsables des suppressions d'emplois en France, sans un mot sur les choix des patrons de la sidérurgie, d'ailleurs plus préoccupés d'augmenter leurs profits que de maintenir les emplois.

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