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Grèce : Les élections du 17 juin Succès de la droite... pour la même politique
En Grèce, c'est finalement le parti de droite, la Nouvelle démocratie (ND), qui s'est retrouvé en tête des élections du 17 juin. Avec 29,7 % des voix, il a obtenu 129 sièges, grâce au bonus de 50 sièges attribué au parti arrivant en tête. La coalition de la gauche radicale (Syriza) le talonne de près, avec 26,9 % des voix et 71 sièges. Chacun des deux a gagné 10 % des voix. Le troisième, le parti socialiste Pasok, a encore un peu reculé, à 12,3 % et 33 sièges.
Dans un climat assez tendu, le chantage à la sortie de l'euro et de l'Union européenne fait par la bourgeoisie grecque, par ses partis classiques, en particulier à droite, et par la plupart des dirigeants européens a dû jouer. Mais il y a aussi la lassitude et le désarroi d'une partie de la population dont la vie quotidienne devient de plus en plus dure et qui s'est d'ailleurs davantage abstenue que lors du précédent scrutin du 6 mai (37,5 % au lieu de 34,9 %).
Les tendances constatées lors du scrutin du 6 mai se sont confirmées, y compris la présence du parti d'extrême droite, Chryssi Avghi (Aube dorée), toujours à 6,9 % (et 18 députés). On ne peut pas dire que ce parti ait cherché à se « dédiaboliser » entre les deux élections. Son leader a multiplié les déclarations provocatrices et antisémites et a annoncé qu'il mettrait « de l'ordre dans le Parlement ». Son porte-parole, lors d'un débat télévisé, a jeté un verre d'eau à la tête d'une porte-parole de Syriza et giflé une députée du Parti communiste, avant d'aller porter plainte contre elles pour « injures » ! Et surtout ses militants ont continué les agressions contre les travailleurs immigrés. Le fait que ce parti ait à nouveau comptabilisé plus de 400 000 voix témoigne du pourrissement de la situation, une partie de la population n'hésitant pas à se tourner vers lui.
En revanche le Parti communiste (KKE) a reculé de quatre points par rapport au 6 mai, retombant, avec 4,5 % et 12 députés, en dessous de son score de 2009. La crainte des électeurs devant son mot d'ordre de retrait de l'Union européenne, l'abstention, le « vote utile » pour Syriza : plusieurs facteurs ont dû jouer dans cette chute.
Les partis qui n'ont pas obtenu 3 % des suffrages n'ont aucun élu, du fait de la loi électorale. Il ne reste que deux autres plus petites formations entrées au Parlement : une de droite (Grecs indépendants) et une de gauche (Gauche démocratique), créées par des députés dissidents des partis classiques, qui ont obtenu respectivement 7,5 % (20 députés) et 6,25 % (17 députés).
C'est peut-être avec eux, en plus du Pasok, que Samaras, le chef de la Nouvelle démocratie, formera le nouveau gouvernement, puisque son parti n'a pas atteint à lui seul la majorité des sièges qui est de 150. On est donc reparti pour des tractations, sous l'oeil attentif des dirigeants européens et des « marchés » qui se sont réjouis, au moins temporairement, de ne pas voir Tsipras, le leader de Syriza, occuper la première place. Tout cela pour aboutir sans doute à la même coalition gouvernementale, au même plan de rigueur, peut-être un peu remanié, et à la même impasse qu'avant les élections.
Il n'en reste pas moins que Syriza, qui est passé en trois élections depuis 2009 de 6 % à 16 % puis 26 %, peut inquiéter la bourgeoisie, sinon en tant que tel, du moins pour ce qu'il reflète comme évolution de l'opinion. La situation empire quotidiennement. Le chômage dépasse officiellement les 22 %, plus de 27 % dans la deuxième ville du pays, Thessalonique. La fréquentation des soupes populaires augmente et l'état sanitaire du pays devient plus qu'inquiétant : les malades chroniques ne peuvent plus obtenir de médicaments des pharmacies, que la Sécurité sociale n'a plus les moyens de rembourser. Alors, l'exaspération monte contre cette misère croissante imposée à la population pour prix d'une crise dont la responsabilité incombe à d'autres.