Les actionnaires de Carrefour, le géant de la distribution, réunis en assemblée générale lundi 18 juin pour entendre le nouveau PDG Georges Plassat, ont eu la surprise de recevoir la visite de salariés qui s'étaient invités pour demander des comptes et crier leur colère. À plus d'une centaine, à l'appel des syndicats CGT et CFDT, portant tous des tee-shirts sur lesquels ont pouvait lire « Halte aux restructurations destructrices, actionnaires voraces ça suffit », ils ont dénoncé les 10 000 emplois supprimés en trois ans dans les magasins en France et demandé des comptes sur la menace de suppressions de 3 à 4 000 emplois dans 200 magasins et les sièges sociaux. Ils ont aussi protesté contre le parachute doré accordé à l'ex-PDG, Lars Olofson qui part avec une retraite-chapeau estimée entre 300 000 et 500 000 euros par an et une indemnité de non-concurrence d'environ 1,5 million d'euros. Bien que critiquant à mots couverts son prédécesseur, le nouveau PDG a pourtant demandé aux actionnaires d'accorder ces sommes à Olofson. Par contre, aux salariés demandant des garanties sur l'emploi, il n'a su que leur dire que rien n'était encore décidé et que « nous serons là pour faire les choses proprement si nécessaire ».

Bien sûr, Georges Plassat a dressé le tableau d'un groupe qui serait au bord du gouffre, demandant trois ans pour le redresser, prenant prétexte de la baisse des bénéfices de 14,3 % en 2011 et du recul des parts de marché face à la concurrence de Casino et de Leclerc notamment. Mais il s'est bien gardé de dire que le groupe reste bénéficiaire avec 371 millions d'euros en 2011 et que sur les seules quatre dernières années, près de trois milliards de bénéfices ont été engrangés pour le plus grand profit des deux actionnaires principaux, Bernard Arnault du groupe de luxe LVMH et le fonds de pension Colony groupe.

Carrefour emploie environ 471 000 salariés dans le monde, près de 112 000 en France et il reste le numéro 2 mondial du secteur. Il aurait largement les moyens de maintenir tous les emplois dans tous ses magasins.