Mode de scrutin : Les députés, élus du peuple ?20/06/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/06/une2290.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Mode de scrutin : Les députés, élus du peuple ?

Il paraîtrait que les députés sont les « élus du peuple », représentatifs des différents courants politiques existant en France. Sans parler du taux d'abstention, qui indique que près d'un électeur sur deux ne s'est pas enthousiasmé pour les programmes des candidats présents au second tour. Compte tenu aussi des manoeuvres des appareils, ou des désistements aboutissant au fait qu'il n'y avait parfois qu'un seul candidat dans certaines circonscriptions, les députés issus de cette élection sont loin de représenter la diversité des opinions politiques.

Sur les 577 députés élus, deux partis se partagent 508 sièges : 302 pour le PS et 206 pour l'UMP, si l'on compte, dans chaque camp, les quelques députés qui se rattachent à l'un ou l'autre. Deux partis majoritaires, sur représentés à l'Assemblée nationale, tel est le résultat du scrutin majoritaire à deux tours qui régit cette élection. On aboutit à un modèle semblable à celui qui existe aux États-Unis ou en Grande-Bretagne, où « l'alternance démocratique » se limite à un jeu de balancier entre deux grands partis dont les programmes ne diffèrent que sur des points mineurs.

Le premier avantage pour les grands partis politiques de ce mode de scrutin, voulu par de Gaulle en 1958 dans le but d'obtenir une majorité stable, est d'écarter les formations minoritaires qui, pourtant, représentent une fraction non négligeable de l'électorat. Ainsi, il faut avoir obtenu un nombre de voix au moins égal à 12,5 % des inscrits au premier tour pour pouvoir être candidat au second, et bien plus pour être élu. Un autre effet est de donner une prime supplémentaire au parti qui obtient le plus de voix. Ainsi, à supposer que l'élection ait eu lieu à la proportionnelle le 17 juin, le PS aurait dû avoir 239 députés au lieu de 302, c'est-à-dire être loin de la majorité absolue. Quant à l'UMP, qui arrive à cinq points derrière, la différence aurait été de 14 députés de moins que le Parti socialiste, et non pas 96. Toujours en se basant sur les résultats du second tour, le Front national qui, bien qu'on puisse le déplorer, influence une partie de l'électorat, aurait pu avoir 21 députés.

Et si l'on tenait compte du premier tour, qui est bien plus représentatif de l'opinion, les résultats auraient été tout autres. Lutte Ouvrière, avec 0,5 % des voix, aurait même pu avoir deux députés.

François Hollande s'est engagé à introduire « une dose de proportionnelle » dans le mode de scrutin pour les prochaines élections législatives. Reste à connaître la mesure de cette dose et le degré de déformation de ladite proportionnelle.

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