Espagne - aux Asturies : Les mines de la colère20/06/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/06/une2290.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Espagne - aux Asturies : Les mines de la colère

Depuis plusieurs semaines, en Espagne, dans la province des Asturies les mineurs sont en grève et mènent une lutte déterminée pour défendre leur droit à garder leur emploi.

En pleine restructuration depuis vingt ans, la fermeture des dernières mines en activité était prévue pour 2018, et le secteur bénéficiait d'une aide de l'Europe de quelque 300 millions d'euros. Le gouvernement a récemment décidé de limiter dès cette année ce financement à 110 millions ; un financement qui, de fait, n'était même pas aux frais de l'État espagnol. Cela signifie que la fermeture des mines est imminente : quelque 8 000 emplois de mineurs sont concernés ainsi que quelque 20 000, voire 30 000, emplois indirects.

Les mineurs des bassins de la région ont rapidement réagi par des mouvements de grève, des manifestations. Des travailleurs se relaient pour occuper symboliquement les mines. Depuis plusieurs semaines les manifestations se multiplient, avec des milliers de participants. Des groupes de mineurs, jeunes et moins jeunes, organisent des barrages sur les routes, les voies ferrées. Ils affrontent fréquemment les forces de police chargées de ramener l'ordre et parviennent à s'imposer en répondant de façon musclée.

Les syndicats majoritaires, Commissions Ouvrières et UGT, ainsi que diverses autres organisations syndicales et politiques ont appelé, dès le début du mouvement, à l'étendre et à le durcir dans toute la région, jusqu'à ce que le gouvernement recule. C'est dans ce sens qu'ils ont organisé le lundi 18 juin une journée de grève générale comme étape vers une généralisation de la lutte. Ce jour-là, puis le lendemain, la réponse des travailleurs, des familles, des jeunes a été massive. Plus de 50 000 personnes ont participé aux manifestations.

Ce sont en réalité toutes les familles de mineurs, d'ouvriers, de chômeurs qui ont la rage au coeur. Aux Asturies, disent beaucoup, on sait que les ouvriers n'ont jamais obtenu quoi que ce soit autrement que par des luttes. On parle des luttes du passé, des grèves des années trente, mais aussi des luttes des mineurs de 1962. La solidarité se développe entre travailleurs, entre familles pour faire face aux baisses de salaires, au chômage, aux conséquences de la détérioration des services de santé et des déremboursements maladie : on essaie de ne laisser personne sur le bord du chemin. La fierté d'être mineur et travailleur apparaît comme une tradition dont les jeunes sont fiers.

Les jours à venir vont être marqués par d'autres initiatives après la « marche noire » qui a abouti à Madrid le 19 juin. Toujours est-il que ce mouvement, sur lequel la grande presse espagnole se fait plus que discrète, est la première réponse massive de la classe ouvrière d'une région à des mesures d'austérité insoutenables.

Partager