Assistance Publique-Hôpitaux de Paris : Des réformes contestées23/12/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/12/une2160.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Assistance Publique-Hôpitaux de Paris : Des réformes contestées

Vendredi 18 décembre, 300 hospitaliers à l'appel des syndicats se sont rassemblés pour protester contre la dégradation de leurs conditions de travail devant le siège de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris où se tenait un conseil d'administration. Plusieurs interventions ont dénoncé le manque de personnel, les repos changés, les horaires chamboulés, le stress généré par cette situation et l'épuisement du personnel.

Quelques élus étaient présents ainsi que quelques cadres infirmiers et techniques qui arrivent de moins en moins à concilier les besoins des patients et le manque de personnel. Ainsi, dans plusieurs hôpitaux des patients venant pour une séance de chimiothérapie ont vu leur rendez-vous repoussé faute d'infirmière pour la faire. Dans ces conditions, l'annonce d'un millier de suppressions de postes pour réaliser 100 millions d'euros d'économies en 2010 dans les hôpitaux de l'AP-HP les inquiète fortement.

Une autre source d'inquiétude est l'élaboration en ce moment du plan stratégique 2010-2014 avec à la clef des restructurations qui n'ont rien à voir avec les besoins de la population. Comme par exemple la suppression de 150 postes de médecins pour 2010 !

Cette loi mécontente également les directeurs des hôpitaux publics. Dans un des textes, elle prévoit que 20 % des futurs gestionnaires pourraient être des contractuels. Le 12 novembre, 700 d'entre eux étaient en grève et ils étaient 250 dans un rassemblement de protestation sous les fenêtres du ministère de la Santé. Ils ne veulent pas être des simples exécutants des directives des Agences Régionales de Santé. Ce même refus fait partie de la grogne actuelle des médecins des hôpitaux publics. Dans une déclaration commune de l'ensemble de leurs syndicats, médecins et directeurs proclament qu'ils « ne sont ni des mercenaires dont on s'attacherait l'allégeance par une prime, ni des pions dont on s'assurerait la docilité par l'intimidation. Ils obéissent aussi à des valeurs qui leur font privilégier le service public, qu'ils veulent défendre ». En matière d'intimidation, le directeur général de l'AP-HP n'est pas à la traine. Lors du rassemblement de vendredi 18 décembre, les syndicats ont dénoncé la destitution de leurs postes du directeur de l'hôpital du Kremlin-Bicêtre qui n'avait pas rendu tous les postes demandés et de la directrice d'Ambroise-Paré où, suite au récent mouvement de grève dans cet hôpital, la direction avait dû accorder 66 emplois supplémentaires.

Si les médecins de l'AP-HP, réunis mardi 15 décembre à la Pitié-Salpêtrière, ont adopté une motion qui entre autres exige : l'arrêt immédiat des rendus de postes médicaux et non médicaux réclamés pour chaque hôpital sur des critères purement comptables ayant conduit à la suppression de plus de mille postes en 2009 et la suppression immédiate du plafonnement du tableau des emplois rémunérés, une seule voix s'est élevée pour dire qu'aucune suppression de poste ne pouvait se justifier médicalement. Si des services peuvent sur la base de critères médicaux justifier leur regroupement, le manque de personnel est tel aujourd'hui qu'aucun poste ne doit être supprimé.

La politique de santé du gouvernement est ressentie dans les hôpitaux comme « un grand n'importe quoi » et ce parmi toutes les catégories de personnel. Dans les services, c'est le ras-le-bol qui domine ; ras-le-bol d'avoir au pied levé à changer ses repos, à changer d'équipe, voire à doubler sa journée de travail et d'être incertain du devenir des services.

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