Pépy, le directeur de la SNCF, a tenté il y a quelques jours, d'expliquer devant Sarkozy d'abord, dans les quotidiens d'information ensuite, les raisons de la monstrueuse pagaille qui a désorganisé la circulation des TGV et le trafic ferroviaire vers la Grande-Bretagne.

Comme surpris par la chute des températures et les précipitations neigeuses, le patron de la SNCF a en quelque sorte invoqué la perfidie des éléments qui se seraient ligués pour empêcher les trains de rouler.

C'est en effet, selon Pépy, à cause d'eux que les TGV ont dû ralentir, prendre du retard et même se voir retirés de la circulation pour réparation. C'est aussi la faute des éléments si les rames Eurostar ont été bloquées dans le tunnel sous la Manche, dans le sens France-Grande-Bretagne. En France, d'après les responsables de la communication SNCF, la structure des flocons était telle qu'ils ont pu s'insinuer traîtreusement dans les compartiments moteur, y geler - toujours à cause du froid - puis lâchement fondre dans le tunnel sous la Manche où règne une température de 25 degrés. D'où les court-circuits qui ont stoppé les rames.

Pépy s'est gardé de faire allusion aux intempéries qui auraient provoqué la perte de contrôle de la voiture qui a percuté un parapet, entraînant la chute d'un bloc de béton sur les rails du RER C à Choisy-le-Roi, en banlieue parisienne. Le déraillement de la rame heurtant le bloc de béton a provoqué des blessures chez plusieurs dizaines de voyageurs et a été suivi d'un long arrêt du trafic dans la zone concernée.

Indépendamment des convocations multiples auxquelles Pépy a dû se plier - après celle de Sarkozy, celle de Borloo, le ministre du Développement durable et de Bussereau, le ministre des Transports - le patron de la SNCF devrait se soucier de répondre à quelques questions évidentes. Pourquoi les protections hivernales des compartiments moteurs n'ont-ils pas montré d'efficacité ? Les rames des TGV sont-elles prévues pour circuler seulement l'été ou en demi-saison ?

D'autres questions se posent surtout, dont les réponses sont cette fois évidentes. Par exemple, pourquoi tant d'incidents matériels, dont 400 incidents de caténaires chaque année, se produisent-ils aussi bien sur le réseau ferré que sur le matériel roulant ? N'est-ce pas à cause d'un entretien régulier insuffisant ? Et finalement, pourquoi la SNCF, astucieusement subdivisée en SNCF et Réseau Ferré de France par Juppé en 2002, a-t-elle supprimé depuis 2002 quelque 22 000 emplois, rognant sur l'entretien... jusqu'à la catastrophe ?

Les réponses à ces dernières questions sont sans doute plus évidentes que la réponse à la question « pourquoi l'hiver » ?