CGT-Renault : Une signature « offensive », ou complaisante ?23/12/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/12/une2160.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

CGT-Renault : Une signature « offensive », ou complaisante ?

La direction de Renault vient de reconduire pour l'année 2010, pratiquement à l'identique, les mesures d'indemnisation du chômage partiel qu'elle avait mises en place depuis le 1er avril dernier. Ce qu'elle avait alors nommé le « contrat social de crise » avait reçu l'accord de tous les syndicats, excepté la CGT.

Sous couvert d'une indemnisation à 100 % du chômage partiel, il s'agissait, vu l'augmentation des allocations versées par l'État, de faire financer cette mesure par les salariés eux-mêmes en leur prenant un dixième de jour de congé pour chaque jour de chômage, Renault pour sa part ne déboursant rien de plus. En outre, la direction mettait pour la première fois au chômage les ingénieurs et les cadres, en bénéficiant de l'exonération totale des cotisations sociales. Le but avoué est de faire baisser brutalement la masse salariale de 20 %. Mettre au chômage les secteurs de production ne pouvait y suffire puisque les ingénieurs représentent à eux seuls 44 % de cette masse salariale.

Mais alors que, pour l'année 2009, la CGT avait refusé de cautionner ce dispositif, cette fois-ci elle l'a signé. Une des raisons mises en avant pour justifier un tel revirement est qu'un accord interprofessionnel du 2 octobre dernier, signé par la CGT au niveau national, oblige les employeurs à prendre en compte les périodes de chômage partiel comme du temps de travail effectif. Cela devrait éviter la perte de journées de congés payés à partir de plus de vingt jours de chômage, comme c'était le cas jusqu'à présent. Mais puisque précisément il a fallu que cette mesure s'impose à tous les employeurs pour que la direction consente à l'appliquer, on voit mal en quoi cela peut être présenté comme une « avancée » de l'accord Renault.

Le deuxième argument de la CGT est que « la direction annonce qu'elle ne prévoit pas de chômage pour les cadres et forfaités » tout en nuançant immédiatement « même si elle dit s'y préparer au cas où ». Et il n'en a pas fallu plus à la CGT pour affirmer que « c'est une reconnaissance implicite de ce que la CGT affirmait en avril dernier sur le non-sens d'organiser le chômage pour ces catégories non-impactées par le niveau des volumes ». Les autres « catégories » apprécieront au passage.

La CGT se justifie en parlant de « signature offensive », mais les quelques améliorations qu'elle veut voir dans la nouvelle mouture 2010 du contrat social de crise ne peuvent faire oublier qu'il s'agit avant tout pour Renault de faire cautionner par les organisations syndicales la généralisation du chômage partiel comme un moyen supplémentaire, afin de gérer au mieux sa production dans cette période de crise. Une sorte de super-flexibilité en sorte.

Partager