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Dans les entreprises
SNCF : Les raisons du mécontentement
Aucune augmentation de salaire au titre de l'année 2003, moins de 1% promis d'ici à la fin 2004, les cheminots sont avertis: la direction ne leur fera aucun cadeau. Pour Louis Gallois, président de la SNCF, l'heure est à la compétitivité et à la rentabilité, et les cheminots n'ont qu'à se serrer la ceinture compte tenu des 250 millions d'euros que les grèves du printemps dernier, contre le projet Fillon de réforme des retraites, auraient paraît-il coûtés à la SNCF.
Mais les raisons du mécontentement des travailleurs du rail ne se résument pas au blocage des salaires. Les suppressions de postes se multiplient dans tous les secteurs et la direction a annoncé que 3 500 départs en retraite ne seraient pas remplacés. Le manque d'effectifs se fait sentir partout. Parmi les filiales ou les sous-traitants de la SNCF, des centaines d'emplois sont directement menacés, comme par exemple sur des grandes lignes de nuit France-Italie, supprimées sous prétexte qu'elles ne seraient pas assez fréquentées, donc pas assez rentables. Les conditions de travail se dégradent avec des pressions incessantes sur les jeunes, soumis à l'autorité des chefs d'atelier qui ont visiblement reçu la consigne de leur serrer la vis.
Le débat au gouvernement sur le "service minimum" fait également peser la menace de nouvelles dispositions antigrèves, particulièrement impopulaires parmi les cheminots. À la SNCF, l'obligation de déposer un préavis de cinq jours pleins avant le déclenchement d'un mouvement existe déjà. Mais cela ne suffit pas au gouvernement et au patronat, qui voudraient bien mettre un frein plus puissant à l'exercice du droit de grève. Soit dit en passant, la loi italienne sur l'interdiction de faire grève aux heures de pointe, avec une disposition de réquisition des cheminots pour garantir le service minimum, n'a pu empêcher une majorité de cheminots et de travailleurs des transports en commun des principales grandes villes du pays de se mettre récemment en grève pour défendre leurs revendications, en balayant toutes les entraves juridiques. Ce qui n'est certes pas une raison pour laisser Chirac-Raffarin mener à bien leur projet "d'alarme sociale"... mais ce qui constitue le gage qu'on n'arrête pas par des textes de loi réactionnaires des travailleurs décidés à se défendre.
Les raisons de se mobiliser le 21 janvier ne manquaient donc pas.