Dans les maisons de retraite, le manque de place et le sous-effectif "sont devenus un mal chronique" affirme une récente enquête de la revue 60 millions de consommateurs, mensuel de l'Institut national de la consommation.

Plusieurs mois après les grandes déclarations du gouvernement en matière d'aides aux personnes âgées suite aux 15000 morts de la canicule, dont 6000 vivaient dans des maisons de retraite, force est de constater que rien n'a changé.

D'après cette enquête, dans les maisons de retraite, beaucoup de locaux sont inadaptés: 20% des lits se révèlent non conformes, tandis que 20% des établissements d'hébergement sur les 9354 existants sont hors normes et devraient donc être fermés. Faute de personnel ayant les compétences requises et en nombre suffisant -il manque 20000 postes d'infirmiers au niveau national-, les soins sont administrés par des auxiliaires de vie (pansements, perfusions, etc.). Des personnes âgées subissent des maltraitances verbales et physiques; d'autres sont parquées dans des chambres exiguës, sans eau chaude, avec parfois une douche tous les quinze jours, laissées à l'abandon faute d'un personnel suffisant et formé; parfois elles manquent de nourriture. Près de 30% des personnes âgées en maison de retraite présenteraient des symptômes de dénutrition. Les critères de rentabilité remplacent trop souvent les règles d'humanité.

Au lendemain de la canicule, le gouvernement avait lancé un plan dit "vieillissement et solidarité" pour remédier à la situation. Raffarin déclarant que le gouvernement allait créer 10000 nouvelles places dans les maisons de retraite d'ici à 2007 (il en manque au bas mot 40000), recruter 15000 soignants supplémentaires (soit un poste et demi par maison de retraite), climatiser au moins une pièce dans chaque établissement. Or, les besoins réels sont bien plus importants: un peu moins de 600000 personnes âgées vivent en maison de retraite ou en logement foyer et, entre 2005 et 2010, il est prévu d'en accueillir environ 500000 supplémentaires de plus de 85 ans!

Le projet du gouvernement apparaît donc notoirement insuffisant: il ne peut couvrir les besoins de première nécessité et, a fortiori, encore moins faire face aux besoins à venir. Rappelons qu'en moyenne, en France, il y a 4 personnes pour s'occuper de 10 résidents (contre 8 pour 10 en Allemagne, 10 pour 10 en Belgique et 12 pour 10 en Suisse). Et ce n'est qu'une moyenne! Tout le monde se souvient des conséquences désastreuses de la situation cet été, là où il n'y avait, la nuit, qu'une infirmière, voire un gardien, pour surveiller et apporter les soins à cinquante, voire soixante personnes âgées.

La situation établie par l'enquête de 60 millions de consommateurs n'est pas près de disparaître, grâce aux mesures promises par Raffarin... En supposant, ce qui n'est pas garanti, que ce projet voie le jour!