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Leur société
Martinique, Guyane, Guadeloupe : La grève des employés de banque continue
Les employés de banque en sont à leur cinquième semaine de grève. Rappelons que sont en grève les travailleurs des banques AFB (Association française des banques) regroupant toutes les banques sauf le Crédit Agricole et la Bred. Soulignons que dans ces deux dernières banques, les employés ont exprimé leur solidarité vis-à-vis des grévistes des autres établissements, même s'ils ne sont pas prêts à les rejoindre pour le moment.
Une intersyndicale des banques dont la CGTG (Guadeloupe) et la CGTM (Martinique) dirige le mouvement.
Le motif de la grève est que les travailleurs refusent d'accepter la nouvelle convention collective nationale remplaçant une convention collective propre aux Antilles-Guyane qui existe depuis longtemps. Cette nouvelle convention leur est beaucoup moins favorable en ce qui concerne les salaires, la prime de vie chère de 40%, les congés et autres petits avantages dont bénéficient les salariés des banques.
C'est le représentant de BNP-Paribas qui dirige l'AFB et qui se montre le plus hargneux contre les grévistes.
Le mercredi 7 janvier, un meeting de l'intersyndicale rassembla 150 grévistes et autres participants, dont des organisations politiques solidaires, devant la BNP de Pointe-à-Pitre dans la détermination et l'enthousiasme.
Le vendredi 9 au matin, toujours à Pointe-à-Pitre, des échauffourées eurent lieu entre grévistes et forces de l'ordre devant le siège de la BNP. Ces derniers refusaient de laisser les grévistes convaincre les non-grévistes.
Las des tergiversations de l'AFB, le mercredi 14 janvier, les grévistes ont bloqué toute la zone dite industrielle de Jarry, ce qui a occasionné un embouteillage monstre autour de Pointe-à-Pitre, des kilomètres à la ronde. Toute l'activité de l'agglomération en fut affectée pendant une bonne demi-journée. Les policiers sont arrivés en nombre pour disperser dans le calme les manifestants, mais non sans difficultés car eux-mêmes ne pouvaient pas circuler facilement entre les barrages organisés par les grévistes.
Coïncidence ou pas, le fait est que c'est ce jour-là, en fin de matinée, que l'AFB envoyait de Paris un télégramme disant qu'elle dépêchait une délégation pour ouvrir une première discussion. Lors de la rencontre avec l'AFB, 200 grévistes sont venus appuyer leur délégation devant les lieux, au son du "gro-ka" (tambour) jusqu'à 4 heures du matin. Après dix heures de discussion, les représentants de l'AFB signaient un document reconnaissant l'existence des conventions collectives locales. Le lendemain samedi, même mobilisation des grévistes. Les représentants patronaux après une heure de discussion demandèrent une interruption de séance disant qu'ils n'avaient pas mandat pour poursuivre les négociations. En réalité, ils refusaient de s'engager par écrit à maintenir les avantages acquis. Les discussions reprenaient mais, en début de soirée, les délégués de l'AFB quittèrent la table de négociation. Le soir même, ils reprenaient l'avion pour Paris, protégés par la police comme des malfaiteurs.
Cette attitude révolta les grévistes et ranima leur combativité. Elle eut aussi pour conséquence que le lundi 20 plusieurs non-grévistes de la BNP refusèrent d'entrer dans la banque et se joignirent aux grévistes. Les patrons ne purent même pas ouvrir les locaux comme ils le faisaient les jours précédents avec quelques cadres et non-grévistes.
En Martinique, le préfet fit intervenir la police lundi devant les banques. Plusieurs cars de police ont quadrillé le pâté d'immeubles où se trouve la BNP. Mais tout ce déploiement de force ne servit à rien car au moment de regrouper les volontaires pour aller travailler, ils ne trouvèrent personne. Aucun des non-grévistes n'accepta d'entrer dans la banque encadré par un cordon de police. Seuls les cadres supérieurs le firent, visiblement peu fiers, entre une haie des grévistes ne lésinant pas sur les sarcasmes, les chants et les roulements de tambour local.
Une manifestation de rue des grévistes était prévue à Pointe-à-Pitre le mardi 20 janvier, avec distribution de tracts à la population et aux travailleurs des autres secteurs.
Autant dire donc que la grève tant en Martinique qu'en Guadeloupe ou en Guyane, loin de s'épuiser, se renforce en nombre et en détermination!